Le devoir de mémoire et le droit à la mémoire sont essentiels pour, du passé, aller vers l’avenir. Or une mémoire doit s’entretenir, la sortie du film «la Marche», il y a quelques jours, me l’a montré à nouveau car peu d’écrits et de témoignages visuels avaient été réalisés pour le grand public avant cet anniversaire.
C’est l’un des grands mérites de ce film, de nombreux livres qui paraissent, des débats organisés, des émissions télés et radios…que de la remettre en lumière. A l’époque, un journal comme Sans Frontières ou encore l’Agence Im’média ont beaucoup contribué à la popularité de la Marche mais ensuite un certain oubli est venu et s’est installé.
Les 10 ans, les 20 ans n’ont pas été célébrés, il faut croire qu’en 2013 un certain climat a fait qu’il était devenu nécessaire de rappeler que des jeunes avaient marché contre le racisme il y a 30 ans. Force est de constater que les nouvelles générations en France n’en avaient qu’une très vague connaissance, alors que c’est grâce à la Marche que la France a découvert que «ses» immigrés pouvaient avoir des enfants et que ceux-ci étaient chez eux en France ! Dans le même temps d’ailleurs ces enfants ont découvert qu’ils existaient et qu’ils comptaient…
Et puis en obtenant du président Mitterrand l’attribution de la carte de séjour valable 10 ans et renouvelable automatiquement, c’est toute la population immigrée qui s’est sédentarisée, qui s’est trouvée «sécurisée». Cela fait partie de la mémoire collective !
Dans un autre exemple, il faut constater qu’au Maroc aussi le devoir de mémoire, le droit à la mémoire doit être l’objet d’une réelle mobilisation. Ainsi le Café Politis est né du constat que nous avons fait, au sein de Marocains Pluriels, du fossé grandissant qui s’installait entre d’ un côté les décideurs – notamment politiques – et les citoyens, en particulier la jeunesse. Nous en sommes à notre 27ème édition, cela fait donc 2 ans et demi de débats, de partages, d’échanges…Le Café Politis est devenu un rendez-vous attendu et qui permet des rencontres extraordinaires…en se retournant sur les 26 éditions passées, nous pouvons constater que celles qui ont eu le plus fort impact, qui ont le plus «touché» et marqué les esprits sont celles qui ont fait appel à la mémoire.
Ainsi l’édition sur la Diversité, où tous les moments ont été précieux car toutes les interventions des intervenants, des personnes du public, sont venues témoigner de l’Histoire et de leur histoire. Chacun(e) y redécouvrait ou y retrouvait une parcelle de mémoire personnelle ou collective !
Agir, avoir le «nez sur le guidon» font que le risque de «perdre la mémoire» est réel d’où l’absolue nécessité de savoir, de vouloir se poser, pour dresser des bilans d’étape, pour regarder le chemin parcouru et mesurer celui qui reste à accomplir. L’adage populaire qui dit que pour savoir où l’on va il faut savoir d’où l’on vient est d’une grande pertinence, c’est l’exercice auquel je me suis livré durant ces derniers mois – pour nous tous, collectivement – à travers un regard, un parcours, une vision… Agir, écrire pour se souvenir et bondir vers l’avenir… Je vous en dirai plus très bientôt…