Chroniques

Animation de nos rues : Médiation, conciliation, propositions…

© D.R

Je ne suis pas journaliste, et bien qu’ayant publié 5 livres (un 6ème est en préparation) je ne revendique pas le titre d’écrivain, à cela je préfère le terme d’auteur ! Je suis un acteur associatif et culturel dans l’âme, un militant de terrain!

Chaque semaine ici -ou dans mes livres- je m’efforce de partager avec vous des tranches de vie, des moments de réalité de notre société, des expériences vécues, de vous faire partager les désirs d’avenir de notre jeunesse, toujours avec le parti pris d’aller de l’avant, de chercher des solutions, de proposer… bref, de construire !
Cette semaine je souhaite revenir sur l’affaire des 2 jeunes musiciens des rues -Badr et Mehdi – arrêtés à Casablanca. 2 jeunes passionnés de musique, talentueux et recherchés pour se produire sur des scènes aussi prestigieuses que Visa For Music et Le Boulevard !

Badr et Mehdi, à l’instar de bien d’autres jeunes, ont l’habitude de jouer de leur art sur la Place des Nations Unies à Casablanca, partout dans le monde les musiciens de rue ont droit de cité et sont appréciés, ils sont considérés comme un «plus» pour la ville et passants, les touristes les apprécient. Or à Casablanca les habitants de la Place des Nations Unies se sont plaints de nuisances sonores, plus particulièrement de la puissance de la sono. Suite à une intervention des autorités un accrochage entre Badr et Mehdi et les agents d’autorité s’est produit, regrettable bien sûr mais surtout évitable: si les jeunes musiciens ont l’envie et le droit de se produire, soyons justes et reconnaissons que les habitants sont fondés à demander le respect de leur qualité de vie. Mais pourquoi donc faudrait-il que l’un soit incompatible avec l’autre ????

Toujours est-il que dans les faits, la situation a conduit à ce que 2 jeunes soient arrêtés et placés en garde à vue! Tellement déplorable, tellement triste et tellement insupportable. Aussitôt connue, l’information a fait le tour des réseaux sociaux, soulevant l’indignation et le soutien d’anonymes, de jeunes, de musiciens, de militants associatifs, de journalistes et d’artistes tels Latefa Ahrrare, Malek, Reda Allali…/…

Et là il faut dire les choses : autant ces réactions, ce soutien via les réseaux sociaux ou sur le terrain est noble, salutaire et donne des résultats, autant l’attitude de certains «récupérateurs» dont le souci n’est ni le sort des jeunes ni de préserver la suite, de ne pas insulter l’avenir, est critiquable. Que certains organismes utilisent une cause et/ou le sort de citoyens pour ‘’faire leur show’’ et tomber dans la provocation est irresponsable. On sert une cause, on ne s’en sert pas !
L’avocat de ces jeunes, Maître Youssef Chehbi, est animé -avant tout- par le souci de ces jeunes et la juste cause de «l’art des rues», la libération de Badr et Mehdi a, Dieu merci, ouvert la porte à une suite constructive. En effet, plutôt que l’affrontement recherchons la voie de la médiation, la concertation est le plus sûr moyen de trouver une solution qui préserve la liberté de l’art des rues, des jeunes artistes et qui en même temps évite aux habitants de souffrir de nuisances, tout le monde a y gagner. Et c’est la voie qui est désormais privilégiée tant du côté du gouverneur d’Anfa – en tant que représentant de l’autorité – que du côté des jeunes artistes et chez les jeunes responsables d’associations culturelles locales, la volonté commune est de sortir de cette impasse par le haut ! Une réunion de conciliation permettra de trouver la (les) solution(s).

Les pistes de réflexion, les propositions existent déjà :
– Rédaction d’une charte, fixant les droits et les devoirs des uns et des autres,
– Mise à disposition -au profit des jeunes artistes- des espaces adéquats (notamment ceux créés dans le cadre de l’Indh, hélas délaissés car mal gérés, ou non gérés).
– Recensement des locaux inusités dans les quartiers et aménagement de studios de répétition pour les groupes de jeunes artistes (musique, théâtre, danse, impro…)
– Autorisation d’animation de places et de rues, en concertation avec les cafetiers, les habitants, les jeunes artistes, etc. Bref, allons de l’avant, cherchons à bâtir, la place de notre jeunesse – dont les jeunes artistes sont une magnifique force d’expression -n’a pas sa place derrière les barreaux, elle qui représente l’espoir. À nous tous de nous atteler à lui faire sa place, sans chercher à l’instrumentaliser mais au contraire en la respectant et en la responsabilisant.

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