Chroniques

Article 475, vih… comme un boomerang !

Ahmed Ghayet Acteur associatif et culturel

Pourquoi un tel titre vous demanderez-vous et bien tout simplement parce qu’une fois de plus c’est «la sexualité»  qui fait la Une de l’actualité, et dans la même semaine elle nous revient deux fois en pleine face, tel un boomerang ! Il aura en effet fallu un long combat de la société civile pour qu’enfin l’article 475, de triste renommée, soit abrogé  et qu’enfin un violeur puisse être condamné pour ce qu’il est, c’est-à-dire un criminel !

Ceci est incontestablement une victoire et un progrès même s’il aura fallu des drames, des souffrances et de nombreuses victimes – connues ou restées anonymes – pour qu’enfin ce pas soit fait ! La seconde affaire est malheureusement dramatique, il s’agit en effet  de la contamination, par le VIH, de cinq jeunes étudiants d’une vingtaine d’années, inscrits dans le même institut supérieur à Rabat. On pourra tergiverser tant que l’on voudra, ces jeunes sont aussi des victimes de notre silence, voire de notre «démission» en matière d’éducation.

Il ne s’agit pas de choquer ni de provoquer, il s’agit d’éduquer ! Eduquer est un devoir et la sexualité est un thème par excellence qu’il nous faut aborder dans notre société, pour informer, donner des outils, notamment à notre jeunesse… qui – livrée à  elle-même – tombe dans les pièges du simplisme, de l’amalgame et du bricolage. Parler de sexualité c’est  assumer les responsabilités qui nous incombent, pourquoi faut-il que dès que l’on aborde ce sujet nous soyons aussitôt soupçonnés «d’encourager la débauche» ? C’est se taire qui est condamnable car alors le silence tue.

On a beaucoup raillé les jeunes de Sidays –association de jeunes qui vise à sensibiliser la jeunesse aux dangers du sida – soit en les accusant d’encourager les relations sexuelles hors mariage, soit en ironisant sur leurs méthodes d’actions via la danse et la musique…Or ils sont bien évidemment dans la juste communication puisqu’ils utilisent les vecteurs qui sont susceptibles d’atteindre la jeunesse !  Plutôt que de les laisser livrés à eux-mêmes on voit qu’il  y a urgence à les soutenir ! Parler de sexualité c’est parler d’éthique, de valeurs afin de «protéger»… Fermer les yeux, se réfugier derrière de faux tabous a contribué à faire des générations «analphabètes» en matière de sexualité et ces 5 jeunes en sont la malheureuse illustration… Il faut soutenir ces jeunes, les «accompagner», aujourd’hui grâce notamment au travail d’associations telle l’ALCS ils bénéficieront du traitement approprié, ils auront droit à un suivi efficace et pourront vivre quasi normalement, ce qu’il faut craindre pour eux, et éviter à tout prix, c’est de les traiter en parias, de les exclure de leur environnement. Nous avons tous une responsabilité, y compris – surtout – sur les réseaux sociaux.

L’école où ils sont scolarisés a ici un rôle précurseur et exemplaire à tenir, d’abord en préservant leur anonymat, et ensuite en assurant leur scolarité ! Puissions-nous tous avoir un comportement digne, en bannissant des réflexes tels la condamnation, la stigmatisation ou le rejet…et en décidant enfin de parler chacun avec nos enfants et collectivement avec notre jeunesse.

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