Chroniques

Autrement : des lueurs d’espoir pour les Palestiniens?

© D.R

Ces derniers jours se trouvait à Paris le père Manuel Moussalam, qui fut pendant quinze ans le curé catholique latin de Gaza. Ce vieil ecclésiastique palestinien a partagé toutes ces années la misère de son peuple. Il a été avec lui sous les bombes lors de la guerre de décembre 2008-janvier 2009. A l’occasion de la parution, en France, d’un livre d’entretiens, il est venu participer à différentes rencontres. A l’occasion de l’une d’elles, il croise le rabbin Michel Serfaty, fondateur des «Amitié judéo-musulmanes de France». Lors de la «guerre de Gaza», ce rabbin français est venu visiter les Palestiniens. Il a, notamment, apporté des bonbons aux enfants de la paroisse du père Moussalam. Emouvantes retrouvailles des deux hommes. «Nous ne voulons pas haïr les Juifs mais vivre en paix avec eux!», s’est écrié une fois de plus ce prêtre qui était un proche de Yasser Arafat. Pendant quelques instants, l’assistance a pu croire la paix enfin possible entre Israéliens et Arabes. Mais dans le débat qui a suivi, des polémiques ont vite rendu les uns et les autres à la douloureuse réalité.
Faut-il se résoudre au désespoir pour autant? Un événement inattendu et plutôt rassurant vient de se produire au sein des communautés juives européennes, particulièrement au sein de la communauté des Juifs de France. Toutes ces dernières années, on était habitués à voir les Juifs français s’aligner sur les positions de la droite palestinienne dans le déni de la souffrance palestinienne, contrairement aux Juifs américains beaucoup plus partagés. Or voilà que le 3 mai, une pétition intitulée «Appel à la raison» a été lancée au Parlement européen de Bruxelles par plusieurs personnalités proches d’Israël. On y trouve les signatures du cinéaste Elie Chouraqui, celle du psychiatre Boris Cyrulnik ou encore de l’homme politique Daniel Cohn-Bendit, mais aussi – c’est plus surprenant – celles des philosophes Alain Finkielkraut et Bernard-Henri Lévy. Depuis, plus de six mille personnes, essentiellement des Juifs, ont adhéré à cet appel. Le débat divise sérieusement la communauté juive française et rebondit en Israël. Que dit cet appel qui met fin à l’unanimité apparente qui prévalait jusqu’ici? Ceci: la poursuite ininterrompue des implantations juives en Cisjordanie et dans les quartiers arabes de Jérusalem constitue une «erreur politique» et une «faute morale» qui mettent en danger l’avenir d’Israël. Pour les signataires ( d’un appel qu’on nomme à présent «JCall» ), il ne saurait y avoir de sécurité durable pour l’Etat juif sans un Etat palestinien stable. Ils appellent donc les Etats-Unis et l’Union européenne à aider à imposer la paix. Sommes-nous là en présence d’un tournant majeur? Il s’agit au moins d’une inflexion. On sait que, en Israël même, les critiques portées contre la politique du gouvernement sont nombreuses. Ainsi cette parole forte de l’historien Elie Barnavi, ancien ambassadeur d’Israël en France: «La politique de Netanyahou risque d’entraîner la fin de l’Etat juif tel qu’il a été rêvé et façonné par ses pères fondateurs en le transformant en un ghetto surarmé».

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