Chroniques

Autrement : l’avenir des chrétiens du Proche-Orient

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Ces questions ont été au cœur d’un rassemblement de cent cinquante évêques catholiques venus pour l’essentiel des pays arabes, qui s’est réuni du 10 au 24 octobre à Rome. Des questions qui ne concernent pas que les chrétiens. En effet, le départ des chrétiens d’Orient transforme les sociétés du Proche-Orient et a déjà de graves conséquences pour l’avenir de ces pays. Le christianisme est né en Orient. Les Eglises de Palestine, de Syrie, d’Irak, de l’Egypte ou du Liban sont, ainsi, les héritières des premières communautés chrétiennes qui se sont développées entre le premier et le cinquième siècles de notre ère.  Avec le surgissement de l’Islam au septième siècle, plusieurs pays qui étaient chrétiens ont basculé dans la foi nouvelle venue de la Péninsule arabique. Cependant, de grosses minorités chrétiennes ont continué de se maintenir, et dans la plupart des cas leur droit à exister a été reconnu. Plusieurs pays arabes, ainsi, ont pu compter, au cours des siècles, entre 10 et même 20% de chrétiens. Ces dernières décennies, les choses ont considérablement changé. Non pas que la tolérance à l’égard des chrétiens arabes aurait considérablement diminué, mais parce que les possibilités d’émigrer des chrétiens se sont multipliées. Il y a seulement quarante ans, les chrétiens composaient quelque 10% de la population arabe de Palestine. Ils sont aujourd’hui à peine 1, 3% ! En Irak, depuis le renversement du régime de Saddam Hussein (qui protégeait les chrétiens, comme le fait le régime des Assad en Syrie plus de 400.000 chrétiens sont partis. En Amérique du Nord et du Sud, on trouve maintenant des communautés chrétiennes arabes de plusieurs centaines de milliers de personnes, plus que dans certains pays dont ils sont originaires !
Les chrétiens arabes payent, comme tous les citoyens des pays du Proche-Orient, le prix des épopées coloniales et celui du conflit israélo-arabe. Ayant souvent pu bénéficier de l’éducation donnée par des établissements tenus par des congrégations religieuses liées à l’Occident, ils en sont venus à être considérés comme des supporters de cet Occident. La montée des courants fondamentalistes musulmans joue contre eux, puisque ces courants ne font pas preuve de tolérance religieuse. Dans ce contexte, de nombreux gouvernements préfèrent donner des gages aux islamistes plutôt qu’aux minorités chrétiennes. Ainsi, dans un pays comme l’Egypte (où les chrétiens composent encore 6 ou 7% de la population), ils ne parviennent même pas à obtenir les autorisations administratives nécessaires pour faire réparer leurs lieux de culte ! Avec les indépendances des pays arabes, les chrétiens arabes ont généralement acquis un statut de pleine citoyenneté. Dès l’époque de la Nahda, au dix-neuvième siècle, plusieurs intellectuels chrétiens avaient, il est vrai, joué un rôle essentiel. Mais voilà que cela devient de moins en moins vrai. Et les pays du Proche-Orient sont en train de se priver de forces humaines qui étaient davantage prédisposées que d’autres à l’ouverture au monde et à la construction de sociétés pluralistes et démocratiques. Un échec supplémentaire.

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