Chroniques

Autrement : Prosélytisme et paix sociale

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A la fin du mois de mars, cinq étrangers ont été interpellés à Casablanca, alors qu’ils tenaient réunion pour une mission évangélique avec des ressortissants marocains. Ils ont été expulsés vers leur pays d’origine. Ce n’est pas la première fois qu’un tel événement se produit… et ce ne sera pas la dernière. Car si les autorités marocaines ont pu, par le passé, être tentées par plus d’indulgence, laissant des prédicateurs  agir librement pour diffuser Bibles, brochures et films en arabe, cette tolérance semble désormais terminée.
Reconnaissons-le : la question que posent à notre société et à notre Etat ces activités d’évangélisation n’est pas facile à régler. Comme l’Islam, le Christianisme se veut une religion universelle destinée à tous les peuples, et chaque croyant est censé devoir contribuer à la diffusion du message. Or, si nous demandons pour l’Islam le droit de pouvoir être prêché partout, pouvons-nous interdire cela au Christianisme? En Occident longtemps majoritairement chrétien, l’Islam représente désormais une réalité massive, non seulement du fait de l’installation de millions de migrants venus du monde musulman, mais aussi en raison de la conversion d’Européens ou d’Américains. Le témoignage de musulmans et des activités de prosélytisme islamique sont à l’origine de ces phénomènes.
Les pays occidentaux sont pour la plupart «laïcs» ou «sécularisés». De ce fait, l’Etat ne s’y érige pas en défenseur d’une religion particulière, et la liberté de culte est généralement totale. Il en va différemment dans la majorité des pays musulmans, où l’Etat pense avoir pour mission de préserver la foi et les valeurs islamiques. Pourtant, au Maroc, la Constitution garantit la liberté de religion. Tout Marocain est libre d’être musulman ou de ne pas l’être, d’adhérer à la doctrine sunnite ou à une autre dès lors qu’il ne constitue pas une menace pour l’ordre public et la paix sociale. De leur côté, les chrétiens au Maroc ne dépassent guère les trente mille, et l’immense majorité d’entre eux sont des ressortissants étrangers. Combien sont-ils, les Marocains qui ont pu s’engager dans le Christianisme ces dernières années, sous l’influence de missionnaires protestants évangéliques? Quelques centaines, deux ou trois mille au maximum. Cela est-il de nature à mettre en danger l’islamité de notre pays ? La répression des menées de missionnaires étrangers se justifie-t-elle en conséquence? Surtout, quelle sera la politique de l’Etat si des Marocains chrétiens se mettent, à leur tour, à évangéliser? On sait que, dans l’Algérie voisine, des Algériens devenus chrétiens se sont retrouvés en prison, et cela a valu à l’Algérie des campagnes internationales de protestation.
Au Maroc, la minorité chrétienne a vécu jusqu’ici en paix au milieu des musulmans. Il faut que cela puisse continuer. Et si des «passages» d’une foi à une autre se produisent,  la seule règle sur laquelle on doit rester exigeant, c’est que, quel que soit le choix des uns ou des autres, le respect de la croyance «de l’Autre» doit demeurer total. Rien n’est plus odieux qu’un converti qui crache sur la foi de ses pères. Et rien n’est plus inutile que la persécution d’un converti. Au fait : si vraiment les conversions de l’Islam se multiplient (ce qui reste à prouver), pourquoi ce phénomène ? Voilà un bon sujet de réflexion pour nos autorités politiques et religieuses.

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