Chroniques

Autrement : quand les Arabes sont ridiculisés par l’un des leurs

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Malgré les velléités  exprimées ces dernières années de retrouver une place respectable au milieu des dirigeants du monde, le bouillant colonel libyen Mouammar Kadhafi n’a pas pu s’empêcher, voici quelques jours, d’attirer de nouveau contre lui les foudres de la plupart des pays. Jeudi 25 février, à l’occasion d’un discours prononcé pour la fête de la naissance du Prophète, il n’a rien trouvé de mieux que d’en appeler au «djihad» contre la Suisse! Ses propos valent d’être rappelés : «C’est contre la Suisse mécréante et apostate qui détruit les maisons d’Allah que le djihad doit être proclamé par tous les moyens. Tout musulman partout dans le monde qui traite avec la Suisse est un infidèle contre l’Islam, contre Mohammed, contre Dieu, contre le Coran. Boycottez la Suisse. Boycottez ses avions, ses navires, ses ambassades. Boycottez cette race mécréante, apostate, qui agresse des maisons d’Allah. Le djihad contre la Suisse, contre le sionisme, contre l’agression étrangère n’est pas du terrorisme!». S’érigeant en autorité musulmane habilitée à proclamer le «djihad», Mouammar Kadhafi a-t-il voulu laver l’affront fait au monde musulman par le peuple suisse refusant l’érection de minarets sur son territoire? Ou bien sa colère contre les Helvètes n’est-elle pas, d’abord, l’expression d’une tenace rancune qu’il nourrit depuis que son fils Motassim Bilal, surnommé «Hannibal», a fait l’objet, en juillet 2008, d’une interpellation musclée à Genève suite à une énième plainte portée contre lui pour des violences à autrui? Depuis cette période, les relations n’ont cessé de se détériorer entre Tripoli et Berne. En septembre 2009, déjà, à la tribune des Nations unies à Genève, le colonel libyen avait proposé la dissolution de la Suisse et le partage de ses territoires entre les pays voisins!
Au pouvoir depuis 1969, depuis le coup d’Etat qui a renversé la dynastie des Senoussi, l’auto-proclamé «colonel» Khadafi n’a cessé de faire parler de lui en raison de ses frasques. Le «guide de la grande révolution de la grande Jamahiriya arabe libyenne populaire et socialiste» s’est voulu le champion du «socialisme arabe» et du panarabisme. Il s’est rêvé en leader du Maghreb et du monde arabe. Il a soutenu des mouvements «révolutionnaires» du monde entier. Il a laissé commettre plusieurs attentats, dont l’explosion d’avions de ligne civils américain et français en 1988 et 1989 (près de cinq cents morts en tout). Le voilà «défenseur» de «l’Islam» contre ceux qui en ont peur! Les musulmans de Suisse, bien entendu, ont tout de suite dénoncé les propos du colonel. De pareilles diatribes ne servent pas, en effet, la compréhension entre les peuples. Elles ne donnent pas une image respectable de la culture arabe et de l’Islam. Tout au contraire, elles procurent du grain à moudre à ceux qui n’ont des Arabes et des musulmans que des perceptions négatives. Une nouvelle fois, les Arabes sont ridiculisés par l’un des leurs. Et l’islamophobie grandit en Europe, au détriment de tous.

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