Chroniques

Besoin de héros…

Toute jeunesse a besoin de «héros», de jeunes de la génération qui les précède ou directement de la leur et qui incarnent une sorte de «réussite», qui représentent des «modèles» auxquels s’identifier…en clair un jeune a besoin de rêve, d’espoir, de perspectives, incarnés par un «héros» qui lui  ressemble.
Or notre pays ne laisse pas de héros émerger, ce qui quelque part rend notre jeunesse orpheline et en manque de repères identitaires. Quelles images valorisantes de ses aînés directs peut bien avoir un jeune d’un quartier populaire aujourd’hui, dans son entourage immédiat : l’étudiant ne lui inspire pas «d’envie», son frère aîné qu’il chôme ou qu’il ait un emploi ne le fait pas rêver, et ceux de son quartier qu’ils voient au quotidien, portent bien souvent tout l’ennui du monde sur leurs épaules.
Dans nombre de sociétés le jeune à la recherche «d’idoles» se tourne tout naturellement vers le sport, la chanson ou le cinéma, or là aussi chez nous il y a comme un problème : nos sportifs et tout particulièrement nos footballeurs n’endossent pas ce costume. Au cinéma on chercherait en vain le jeune acteur charismatique susceptible d’avoir cette fonction, peut-être est- ce en fait dans le domaine de la musique que se trouvent le plus de «visages», le plus de «leaders» dans lesquels les ados peuvent se reconnaître. C’est avant tout la «Génération L’Boulevard», à laquelle je pense : Bigg, Said Mosker, Oum, Khansa ou Tarik Batma… il faut aussi voir la popularité de Momo, l’animateur vedette de Hit Radio, pour comprendre que nos jeunes ont besoin de ces images de Grands Frères qui ont réussi, qui ont atteint leurs rêves. Nombre de jeunes gloires pourraient remplir ce rôle,  les frères Hajji : le Grand Mustapha et Youssef, ou encore Chamakh, tout comme nous avons eu Aziz Bouderbala ou Salaheddine Bassir ou Hicham Arazi et Younes El Aynaoui, dans un autre domaine nous avons aussi Said Taghmaoui, Gad ou Jamel… mais il est plus évident pour ceux là d’être des héros pour la jeunesse marocaine de l’étranger, que pour les jeunes du Royaume. Il faut aussi reconnaître que notre société n’aime pas les héros, qu’elle est suspicieuse à leur égard, voire cruelle, comme si nous n’aimions pas la réussite de l’Autre ou que celui qui émerge ne puisse pas devoir cela à sa volonté, son talent et son acharnement mais plutôt à quelque concours de circonstances plus ou moins avouables… De grâce cessons de tuer nos héros, à force de dénigrement, de rejet, de moquerie nous privons notre jeunesse d’images valorisantes , or deux domaines en particulier devraient s’intéresser à ce phénomène et s’employer à permettre l’émergence de jeunes  charismatiques : le mouvement associatif et bien sûr la politique… Des symboles pouvant incarner des valeurs telles que l’engagement, le don de soi, le militantisme, l’intégrité…dans lesquels nos jeunes  pourraient croire et puiser des «idées». Au lieu de cela nous leur renvoyons des images obsolètes, des responsables politiques qui leur tiennent un langage dépassé et ringard. Le salut viendra peut-être, en la matière, des réseaux sociaux qui sont en train de permettre l’émergence de jeunes figures emblématiques, de  décideurs. Là aussi les quelques jeunes du 20 Février qui auraient pu y figurer ont failli, pas su ou pas voulu, mais croyez-moi une génération de «meneurs» se prépare à nous surprendre !

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