Chroniques

Cadrage : Driss Jettou et l’ONIX

C’est un échec cuisant pour le gouvernement de Driss Jettou. La décision du Premier ministre de renoncer à la création de l’ONIX, une nouvelle structure qui devait regrouper différents organismes chargés de la promotion des investissements extérieurs et des exportations, ne pouvait pas être interprétée autrement. Ce projet défendu par le Premier ministre et piloté par le département des affaires économiques était censé réunir dans un seul ensemble les différents services (comme le CMPE et l’Asmex) dont l’activité concourt généralement à améliorer la présence économique du Maroc à l’étranger en la rendant plus efficace et plus agressive. L’idée d’un organisme unique comme l’ONIX est d’autant plus bonne qu’elle met fin à une multitude d’intervenants. Cette situation ne contribue pas à une coordination de ces derniers, mais occasionne de surcroît la dispersion des efforts et la déperdition financière sans arriver à atteindre les objectifs escomptés, à savoir une meilleure visibilité de l’action du Royaume au-delà des frontières avec tout ce que cela suppose comme cohérence dans la vision et agressivité dans la démarche. Or, les organismes qui étaient invités à se dissoudre à l’intérieur de l’ONIX ne l’entendaient pas de cette oreille. Ils sont même allés jusqu’à protester en faisant de la résistance. Les cadres du CMPE par exemple ont fait grève en signe de refus d’un projet où, selon eux, ils ont tout à perdre. Il est vrai qu’il n’est pas facile de céder de ses prérogatives et de perdre les avantages qui y sont liés. Devant la résistance du front du non, Driss Jettou a fait marche arrière en décidant de surseoir à la création de l’ONIX et de lancer une “étude globale“ sur la stratégie nationale de promotion. Il aurait fallu d’abord se concerter avec les organismes concernés en réunissant leurs cadres pour connaître le point de vue des uns et des autres. Et puis, il était question que l’Office national marocain du Tourisme (ONMT) rejoigne l’ONIX mais cet office ne figurait plus dans la dernière mouture du projet. Le Premier ministre avait misé sur l’ONIX pour donner un nouveau souffle au commerce extérieur marocain et à la promotion de l’investissement. En effet, les exportations marocaines ont connu cette année une baisse notable conjuguée à un creusement du déficit de la balance commerciale et à une hausse dans le volume des importations. L’ONIX aurait pu servir comme levier de choix pour changer la donne dans un sens profitable aux intérêts des exportateurs. Mais le gouvernement a trébuché sur un chantier qu’il a érigé en priorité. Faute d’avoir bien ficelé son projet en s’assurant d’avance de l’adhésion de tous, Driss Jettou a été pris en défaut pour la première fois sur ses supposés points forts que sont le consensus et le dialogue.

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