Chroniques

Cadrage : Le fusible et le poisson

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Lors de sa réunion avec les professionnels de la pêche vendredi dernier, le chef du gouvernement a pris une décision salutaire pour le secteur de la pêche. Celle de dessaisir le RNI Mohamed Taïeb Rhafès de ses prérogatives de ministre de tutelle. Désormais, les affaires halieutiques relèvent de la compétence de Abderazzak El Mossadeq appelé à s’en occuper dans le cadre d’une commission dont les membres (représentants des diverses catégories de pêche) n’ont pas encore été désignés. La décision de Driss Jettou a été accueillie avec un grand soulagement par les opérateurs qui espèrent trouver en M. El Mossadeq un interlocuteur sérieux et attentif capable de donner un nouveau cap à une filière à la dérive sans gouvernail ni capitaine. En attendant, M. Rhafès est toujours dans le circuit. Voilà qu’on apprend qu’il part en voyage à partir du lundi 17 novembre. Non pas à l’étranger mais à l’intérieur du Maroc. Une visite comme il dit “sur le terrain“ à Laâyoune et à Dakhla pour rencontrer des professionnels locaux exaspérés et en colère. Ce sera le premier déplacement de Mohamed Rahfès dans une zone de pêche nationale depuis sa nomination du gouvernement Jettou en novembre 2002. Alors pourquoi a-t-on décidé d’envoyer M. Rhafès dans nos provinces du sud sachant qu’il n’a plus les commandes du secteur ? Qu’apporte-il dans son escarcelle et que compte-t-il proposer aux armateurs ? Un ministre sans prérogatives peut-il décider de quelque chose ? Quelle est donc l’utilité et l’opportunité d’un tel déplacement pour M. Rhafès ? Il est vrai que certains départements ministériels ont souffert à cause de Taïeb Rhafès, mais cela ne justifie nullement de vouloir le ridiculiser et d’ajouter le burlesque au cafouillage dans des provinces qui ont besoin d’une politique de pêche lisible axée notamment sur les villages de pêche conformément aux recommandations royales d’il y a deux ans. Tout porte à croire que certains veulent encore continuer à utiliser Taïeb Rahfès. Malgré son dessaisissement du dossier, il peut être un excellent fusible qui justifierait les turpitudes du secteur qui ont commencé bien avant son avènement à la tête du ministère. Il est vrai aussi que Taïeb Rhafès a atteint son objectif. Celui de devenir ministre alors qu’il n’a jamais imaginé pareil destin même dans ses plus beaux rêves. M. Rhafès, qui n’a jamais rien demandé, est un homme chanceux, c’est tout. Il n’y est pour rien dans ce qui lui est arrivé. La pêche n’est pas son fort, il aurait pu sans doute donner le meilleur de lui-même dans un autre secteur. Qui sait? La responsabilité incombe à ceux qui l’ont fait ministre. Driss Jettou s’est trompé. M. Rhafès n’est pas l’homme qu’il faut… Il doit le reconnaître en mettant clairement fin à la mission de l’ex-ministre de la pêche. Soit on est ministre, soit on ne l’est pas. On ne saurait l’être qu’à demi. Mettre en place une commission présidée par son bras droit M. El Mosaddeq lui permet évidemment de ne pas se séparer de Rhafès et partant d’éviter un remaniement ministériel qui risque certes d’être douloureux mais dont le besoin se fait de plus en plus sentir.

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