Chroniques

Cadrage : Lecture de texte

La crise de succession que vit l’USFP après la démission de Abderrahmane Youssoufi remet sur le tapis cette sempiternelle question de l’interprétation des lois et règlements chez nous. Ils sont généralement faussés, voire fauchés par leslectures qui lui sont faite par des décideurs souvent sous la pression d’intérêts multiples. La loi chez nous est, ou très bien écrite, ou certains de ses articles sont sciemment ambigus pour des raisons voulues. Mais dans les deux cas les textes sont mal appliqués et mal interprétés par la force de la corruption et des ingérences. C’est ce qui explique que la démocratie et la justice ont du mal à se frayer leur chemin avec des textes à géométrie variable datant parfois du temps du protectorat. Tel ce fameux Dahir, abrogé depuis peu, qui assujettit la liberté du citoyen à une simple phrase incomplète : « Tout ce qui est susceptible de… ». Cette subtilité politique dans les textes n’est pas propre aux seuls pouvoirs publics puisque tout le monde y a recours, y compris les partis politiques pour laisser la loi ouverte sur l’incertitude. Les statuts et les règlements sont tellement truffés de textes à interprétations variables qu’il est devenu difficile de statuer sur la question la plus anodine. On devine l’impasse quand les militants du parti se trouvent confrontés à la prise de décisions importantes comme celle par exemple de désigner le secrétaire général du parti. Le cas de l’USFP, qui est d’actualité aujourd’hui, est trop édifiant pour un parti aussi ancré dans les traditions militantistes et la lutte pour la démocratie. Le règlement intérieur qui a été adopté juste après le sixième congrès laisse la porte ouverte à toutes les interprétations sur la succession du Premier secrétaire. L’article 198 se limite à stipuler que le Premier secrétaire adjoint assume l’intérim en cas d’absence du Premier secrétaire du parti. Rien n’est explicité sur la nature de l’absence qui peut être due à un décès, une démission ou un quelconque empêchement d’exercer cette fonction. Il est normal dans ce cas que chacun interprète l’article 198 selon ses désirs sans pour autant qu’il ne soit corrigé par un argumentaire convaincant. Tout le monde a raison, tout le monde a tort. C’est pour cela que les socialistes proches de Elyazghi estiment que l’article 198 est clair puisqu’il cite sans équivoque aucune que c’est le premier secrétaire adjoint qui endosse la succession en cas d’absence du Premier secrétaire du parti. Le mot «absence » est compris dans son sens général, c’est à dire dans tous les cas de figure : démission, décès ou autre empêchement physique et mental. C’est une lecture qui est logique et simple. Les détracteurs de Elyazghi tablent justement sur l’ambiguïté du texte pour rendre son automaticité caduque quand le bureau politique n’arrive pas à trancher sur cette question. Ils mettent en exergue le recours à l’option démocratique en privilégiant l’élection sur la désignation. Le raisonnement est toujours logique, sauf que la lecture du texte diffère d’un camps à l’autre. L’interprétation est facile, la décision est difficile.

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