Chroniques

Cadrage : Vérité et mensonge

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Chaque degré de bonne fortune qui nous élève dans le monde nous éloigne davantage de la vérité, parce qu’on appréhende plus de blesser ceux dont l’affection est plus utile et l’aversion plus dangereuse. Dire la vérité est utile à celui à qui on la dit, mais désavantageux à ceux qui la disent, parce qu’ils se font haïr. Or ceux qui sont censés servir l’intérêt général aiment mieux leurs intérêts que celui de la Nation qu’ils servent ; et ainsi, ils n’ont gardé de lui procurer un avantage en se nuisant à eux-mêmes. Le président de la commission provisoire chargée de la gestion des affaires de la fédération, déclare en grandes manchettes dans la presse que la prestation de la sélection nationale d’athlétisme à Paris est satisfaisante. On croirait qu’il s’agit d’un responsable éthiopien, dont les athlètes se sont accaparés le podium tout entier dans l’épreuve des dix mille mètres avec toutes les carences que connaît leurs pays. Depuis le phénomène Aouita, le Maroc s’est taillé une place parmi les ténors de l’athlétisme international. Vingt ans après les prémices de ce décollage, l’on a l’impression que notre réputation chute à une vitesse vertigineuse. Et au lieu de se serrer les coudes en vue d’un travail sérieux, tout ce qu’ont trouvé les responsables de la discipline c’est de leurrer l’opinion publique et les millions de fans Marocains. Tout en sachant pertinemment que Nezha Bidouane et Hasna Benhassi ne peuvent en aucun cas participer à cause d’une longue absence de la compétition, les responsables et à leur tête le directeur technique national, persistaient les yeux grands ouverts à faire croire au public que ces deux athlètes seraient de la fête du mondial d’athlétisme. Si ces tactiques d’une rare futilité avaient été utilisées à bon escient au lieu de se moquer du public Marocain, le nombre de nos champions aurait décuplé. Le responsable n’est donc que déguisement, mensonge et hypocrisie, et en soi-même et à l’égard des autres. Il ne veut pas qu’on lui dise la vérité, il évite de la dire aux autres ; et toutes ces dispositions, si éloignées de la déontologie et de la raison, ont une racine naturelle dans son coeur. Maintenant ce n’est plus la peine de se lamenter et nous faire part des remords subitement ressentis. Il ne faut jamais donner libre cours au remords, mais se dire tout de suite : ce serait là ajouter une seconde bêtise à la première. Si l’on a fait du mal, il faut songer à faire le bien. Si l’on est puni à cause de sa mauvaise action, il faut subir sa peine avec le sentiment que par là on fait une chose bonne : on empêche, par l’exemple, les autres de tomber dans la même folie. Tout mauvais gestionnaire ou responsable irresponsable puni doit se considérer comme un bienfaiteur de l’humanité. Dans le cas contraire, l’on serait comme celui qui donne des coups d’épée dans l’eau. Pour ces gens qui prétendent servir leur pays, la vie humaine n’est qu’une illusion perpétuelle ; on ne fait que s’entre-tromper et s’entre-flatter.

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