Chroniques

C’est quand la rentrée ?

© D.R

Vous voyez, je vous avoue ma mauvaise foi ou du moins mes mauvaises intentions. Plus sérieusement, si j’ai décidé de vous poser cette question ou plutôt de nous la poser à tous et à toutes, c’est parce qu’elle revient souvent à mon esprit, surtout à pareil moment.

Nous sommes au mois d’octobre, et si dans d’autres pays où chaque chose arrive en son temps et ce, tous les ans, chez nous, à part la rentrée scolaire qui ne change jamais sa périodicité et s’annonce souvent avec son lot de charges et de lamentations, nous ne connaissons pas d’autres «rentrées» qui méritent d’être relevées. Par exemple, qu’en est-il de la rentrée littéraire, de la rentrée théâtrale ou bien de la rentrée cinématographique ? Quoique, pour cette dernière, on assiste depuis quelques années à une concentration de sorties de films, notamment marocains, aussitôt passés le ramadan, l’été, la rentrée des écoles et parfois la fête du mouton. La théorie sur laquelle se basent les cinéastes, les distributeurs et les exploitants de salles est plus ou moins la suivante : les gens  ne peuvent pas aller au cinéma alors qu’ils doivent acheter d’abord des cahiers, des maillots de bains, de la chabakia, et, bien sûr, le si cher bélier. Je n’ai jamais été très convaincu par cette vision des choses que je trouve trop économique et trop financière. Pour moi, le problème est ailleurs : la culture et l’importance ou plutôt le peu d’importance qu’on lui donne dans ce beau pays plein d’érudits mais aussi plein d’incultes.

Et les incultes ne sont pas forcément ni toujours dans le camp de ceux que vous croyez. Et je donne pour preuve ce qui se passe, justement dans certains pays dont je parlais plus haut, où en pleine canicule ou en pleines périodes de fêtes, les salles de cinéma sont archibondées. On voit parfois des queues interminables devant les guichets alors qu’il est presque minuit ou qu’il pleut à verse. D’ailleurs, j’en profite pour dire à ceux qui persistent à vouloir mettre les fermetures successives de nos salles dans une prétendue logique fatale et internationale, que dans ces pays-là, messieurs, on ne ferme pas les cinémas, au contraire, on en ouvre de nouvelles. Je ferme cette parenthèse que d’ailleurs je n’ai même pas ouverte et je reviens à la rentrée et à une en particulier, celle que nous n’avons pas et que si on continue comme ça, nous risquons de ne jamais avoir, à savoir la rentrée politique.

On pourrait me dire que cette année, elle a eu quand même lieu ne serait-ce qu’à travers les dernières élections communales et régionales. Oui, si l’on veut, mais étant donné ce qu’on a vécu, ce qu’on y a vu et surtout ce qu’on y a entendu, je pense que comme rentrée, c’était plutôt raté. Je m’excuse de revenir à cette histoire d’argent sale qui aurait été utilisé par plus des 2/3 des élus de la nouvelle Chambre des conseillers, mais je vous assure que ça m’est resté en travers de la gorge. Et quand j’ai appris que même la dizaine ou la douzaine de conseillers qui sont officiellement poursuivis pour usage de moyens illicites pour être élus, ont participé à l’élection du nouveau président de la Chambre, je me suis dit qu’on pousse un peu loin notre fameuse «spécificité». J’en parlais pas plus tard qu’hier avec des amis et je leur demandais, si cela s’avérait vrai, comment demain un ou une ministre pourrait s’adresser à ces «mauvais élus» en les qualifiant d’«honorables conseillers»?

Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais moi, avec ma petite tête têtue, ça dépasse vraiment mon entendement. Au fait, je voudrais dire un petit mot sur le nouveau président de notre 2ème Chambre. Je sais que beaucoup le trouvaient trop arrogant, voire trop violent dans ses propos, mais personnellement j’ai toujours pensé que, justement, on a besoin, notamment dans ce type d’enceintes, de types comme ça, bruts de décoffrage, directs, hauts en couleur et en décibels, qui n’hésitent jamais à dire ce qu’ils pensent et qui le font en élevant la voix et en levant les bras.

Mais, désormais, en tant que président, il va être obligé de se calmer, voire parfois d’ordonner à d’autres de se calmer. De là à en déduire qu’on l’a mis là-bas exprès, il n’y a qu’un pas, mais ne comptez pas sur moi pour le franchir. Vous savez, moi aussi, je sais me calmer. Quand je veux…
En attendant, je souhaite à tous et à toutes qui aiment comme moi « rentrer et sortir dans les paroles» un excellent week-end et une très bonne nouvelle année de l’hégire. Quant aux autres…

Un dernier mot sous forme de devinette pour rigoler une peu : S’il y a  comme on vient de nous le révéler «près de 5 millions de Marocains qui vivent en-dessous du seuil de la pauvreté», combien y en a-t-il qui vivent au-dessus du seuil de la richesse ?

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