Chroniques

De toutes les couleurs : C’est plus facile dans ces pays-là

© D.R

Lors d’un vernissage à l’étranger, nous discutions d’art en général et de l’essor que connaît l’art marocain en particulier, lorsqu’une artiste européenne nous a envoyé la phrase «c’est plus facile dans ces pays-là» en pleine figure! Si les autres artistes présents n’y ont rien vu de choquant, moi, l’artiste marocain, l’ai prise comme une réelle insulte! En y réfléchissant bien, souvent après-coup, l’on se rend compte qu’elles sont pleines de préjugés, d’ignorance, et même, dans certains contextes, de pur racisme. Voulait-elle dire que les artistes marocains qui ont du succès au Maroc sont moins talentueux que les leurs? Voulait-elle dire que le nombre élevé d’artistes chez-eux leur rendait la vie plus difficile?
Certes, le nombre d’artistes au Maroc est plus faible qu’en France ou en Angleterre, mais il faut remarquer qu’à potentiel égal, chez-nous la sélection se fait beaucoup plus tôt que chez-eux. Je veux dire que les gens de talent chez-nous hésitent beaucoup avant de se lancer sérieusement dans une carrière artistique. C’est vrai que les pays dits développés sont plus avancés que le Maroc dans beaucoup de domaines, mais le problème est qu’il existe dans ces pays-là une sorte de fantasme général qui les fait croire que, même au niveau individuel, ils sont plus avancés que nous. Et c’est faux! Il faut voir les merveilles que réalisent les savants marocains dans les centres de recherche des pays développés! Ils inventent, innovent et créent tous les jours. Souvent, ils travaillent deux fois plus que leurs collègues autochtones pour pouvoir occuper des postes de responsabilité ou de décision.
Alors revenons à cette phrase, est-ce vraiment plus facile d’être artiste au Maroc qu’en Europe, par exemple ? C’est, en réalité, tout le contraire. Lorsqu’un artiste-peintre marocain décide de devenir professionnel, il doit trouver les moyens pour s’offrir un atelier, alors que les artistes des pays développés ont souvent accès à des aides financières pour la location d’espaces de travail. Lorsqu’un artiste français ou canadien a la possibilité d’exposer ses œuvres à l’étranger, il les met sous ses bras, dépose une demande de remboursement des frais de voyage, et quitte son pays. L’artiste marocain, lui, a besoin de demander un visa qu’il est souvent extrêmement difficile d’obtenir et tout payer de sa propre poche. En plus, il doit se déplacer dans la capitale pour demander au ministère de la Culture l’autorisation de sortir ses œuvres du Maroc. Dans les pays développés, il est possible de mener une vie d’artiste sans jamais rien vendre. Il existe des dizaines de bourses, de programmes d’aide aux artistes, et des subventions de toutes sortes. Comparés au Maroc, les budgets que réservent ces pays-là aux artistes sont astronomiques.

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