Chroniques

De toutes les couleurs : Comment parler d’une oeuvre d’art ?

© D.R

Concernant le contenu, il existe une certaine logique à respecter car la simple description d’une œuvre d’art est une critique à part entière. La connaissance de la démarche artistique de l’artiste est indispensable car si l’on a des obligations vis-à-vis du public, on en a aussi vis-à-vis de l’artiste. Qui est l’artiste? Sa personnalité, son histoire personnelle?  À quel public s’adresse-t-on? Un public connaisseur ou non? Quel est l’âge de l’œuvre et son genre (portrait, nature morte, paysage…)? Comment l’artiste utilise-t-il l’espace, les formes et les couleurs? La transparence et l’opacité? Quels sont ses centres d’intérêt? Ses humeurs? Y a-t-il du mouvement dans ses formes? Une histoire? Des messages? Des symboles? Pour décrire une œuvre sans être hautement technique, on peut la regarder attentivement, puis l’analyser et classifier ce qu’on y voit. Il ne suffit cependant pas d’avoir une idée «générale» sur le travail mais plutôt identifier les détails déterminants, découvrir les structures, évaluer les mérites de l’artiste selon les standards de la profession et formuler des jugements cohérents. Lorsqu’il s’agit d’une peinture abstraite, on focalise plutôt sur la façon dont l’artiste utilise la peinture, la fluidité de son mouvement, ses couleurs, ses humeurs et ses recherches. Et s’il s’agit d’une exposition, on joue le rôle du guide qui présente et rapproche le travail de l’artiste du public. Il s’agit donc d’être juste dans son jugement, expliquer le contexte ainsi que les forces et les faiblesses de l’exposition, savoir juger si une exposition est réussie ou non et soutenir son jugement par une sélection de travaux parmi ceux présentés pour permettre aux visiteurs de former leurs propres opinions. Quant à l’emballage, la façon de parler d’une œuvre d’art, je crois que l’on est beaucoup plus libre. L’écriture au sujet d’une œuvre d’art permet, à mon sens, de compléter l’expérience artistique que celle-ci suggère au public. Tout en étant dépendante de l’œuvre d’art décrite, l’écriture est capable d’être aussi une œuvre d’art par elle-même. Un simple mot est capable d’émouvoir ou d’apaiser. Écrire, c’est d’abord pousser, tirer, remuer, calmer, exploser, se désintégrer, rêver les yeux ouverts et se laisser aller dans son rêve, dans sa poésie, puis plus tard, prendre peut-être le temps de repenser le tout, le retravailler et le finaliser. Reconnaissez qu’au lieu de dire qu’un artiste peint rapidement et avec beaucoup de couleurs, il est plus poétique de dire, par exemple, de son style qu’il est caractérisé par un trait spontané, une pâte épaisse, une libre danse mêlée de vifs sauts de spatule, une palette nourrie de gaieté et abreuvée de belles nuances…

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