Chroniques

De toutes les couleurs : du changement de palette

© D.R

La peinture est un processus de découverte et d’exploration qui est à la fois excitant, exigeant et bien sûr, parfois même troublant. L’artiste authentique cumule les expériences et progresse sans vraiment se rendre compte. Petit à petit, ses techniques, ses outils et son état d’esprit changent. Et ce sont ses proches et ses amis qui sont les premiers à remarquer toute modification dans ses sujets, ses intérêts ou sa palette. Nous savons tous que beaucoup d’artistes se forcent à ne plus rien changer à leur art dès qu’ils ont atteint un résultat satisfaisant. Sécurité et confort obligent. Et c’est dangereux. Je crois que les amateurs d’art devraient accepter que l’artiste ait le droit de changer de palette, de dimensions de toiles ou de sujets sans que son image ne mérite la destruction. Je pense qu’il n’y a pas de mal à changer de palette, changer d’outils, de supports ou d’endroit si c’est naturel et spontané. De toute façon, on ne peut pas devenir ce que nous aimerions devenir en restant exactement les mêmes. Les gens les plus stables, les plus immobiles, sont dans les cimetières.
Je ne parle pas du changement rapide, radical, répétitif, souvent témoin d’un manque de confiance, d’un caractère indécis ou d’une personnalité relativement faible, mais du changement progressif, nourri par l’intelligence et la passion, et qui mène au réel progrès. Le changement dans ce sens est important car, arrêter de s’améliorer c’est cesser d’être intéressant, prendre le risque de reculer ou encore pire, accepter de ne plus réellement être. La stabilité est contraire à la nature et à la vie. L’artiste vivant accepte le changement progressif comme mode de vie pour éviter la décadence, car le temps, la vertu et le vice, qui ne s’arrêtent jamais, font en sorte que les bons artistes deviennent meilleurs et que les mauvais deviennent pires. Il n’existe pas de limite au progrès comme il n’existe pas d’état final de satisfaction générale. A chaque fois qu’on pense qu’on a atteint le sommet de la réussite, le progrès s’arrête. Chaque petite modification ouvre donc de nouveaux horizons et de nouvelles possibilités à celui qui sait les saisir. Nourriture de l’âme, le changement est essentiel à la créativité, permettant de garder une certaine fraîcheur d’esprit. C’est en essayant de changer les choses qu’on arrive à mieux les comprendre et à progresser. Le progrès est impossible sans quelque changement, et ceux qui sont incapables de changer leur esprit ou d’accepter les occasionnelles digressions sont incapables de changer quoi que ce soit. Si le changement n’offre pas obligatoirement le progrès, ce qui est sûr, c’est que pour progresser il est nécessaire de changer. «Seul le changement est eternel, perpétuel, immortel», Schopenhauer.

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