Chroniques

De toutes les couleurs : Il faut encadrer les encadreurs

© D.R

Certes, le Maroc avance, mais s’il n’est pas encore au sommet, c’est que bien des choses ne fonctionnent pas encore comme il faudrait. Il est possible, au Maroc, d’être expert sans savoir expertiser. Directeur sans savoir diriger. Ou encore, ce qui est moins grave, être encadreur de tableaux sans savoir encadrer !
Pour mes premiers encadrements ici, je n’avais demandé de conseils à personne. Un jour, je donne quatre toiles à un encadreur qui me dit de revenir les récupérer après une semaine. Une semaine plus tard, rien n’était prêt. Bon, me dis-je, ça arrive… J’y retourne après quelques jours et je récupère mes toiles encadrées. Très bon marché. Donc heureux. Au moment de les déballer pour voir le résultat, un sentiment d’incompréhension et de rage, que je n’avais encore jamais expérimenté, m’a foudroyé! Le bois des cadres était de la pire qualité qui soit et, en plus, il y avait des taches de saleté et d’empreintes sur les toiles ! Que faire ? Rien, juste oublier et être prêt la prochaine fois.
La fois suivante, je devais encadrer des aquarelles. On me conseille un autre en me rassurant qu’il était professionnel. On pouvait effectivement voir que les cadres qui traînaient dans son magasin étaient plutôt de bonne qualité. Et, chose à ne jamais faire, je lui avais donné la date exacte de ma prochaine exposition en lui demandant de les préparer pour le jour de l’accrochage –la veille du vernissage. Habitué à ce qu’on lui mente sur les dates, il n’avait rien préparé ! Alors pour sauver la situation, j’ai dû courir en catastrophe à un supermarché pour acheter des cadres de… supermarché ! Heureusement que la galerie avait des cadres de qualité en rab, que j’ai pu utiliser à la dernière minute. Ouf !
Au prochain encadreur, j’ai menti sur la date en insistant fortement pour que les cadres soient prêts dans les délais. Ce qui me laissait quatre jours avant le vernissage. Si vous ne mentez pas au sujet des délais, on pense quand même que vous mentez, donc autant mentir ! C’est comme ça que l’on rentre dans le moule culturel local.
Cette fois-ci, les toiles étaient prêtes dans les délais. Génial, deux jours pour les accrocher tranquillement.
Joie éphémère ! D’un côté, il avait inversé deux toiles en mettant un beau cadre à celle de moindre importance et un simple cache clous à la toile importante ! Mieux encore : ça me coûtait plus cher car la toile moins importante était de plus grandes dimensions !
La cerise sur le gâteau, c’est ce beau petit trou dans une toile que j’aime beaucoup. «Elle était déjà trouée en arrivant ici», me dit l’encadreur. Inutile de lui expliquer que ça fait plus de quinze ans que je manipule des toiles en en prenant soin comme mes yeux. Inutile d’argumenter, d’essayer de prouver quoi que ce soit.
Heureusement, je viens d’en trouver un qui encadre les toiles à des prix cinq étoiles mais qui est professionnel.
Enfin je crois !

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