Chroniques

De toutes les couleurs : la leçon des autistes

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C’est surprenant de voir à quel point il est difficile pour les humains de dessiner des objets ou copier une réalité visuelle. Les gens ont besoin d’apprendre des astuces et des techniques, mais surtout à observer les détails pour pouvoir dessiner correctement. Ainsi, ils ne peuvent y arriver qu’après de multiples essais et erreurs. Les humains sont généralement incapables de dessiner de mémoire. Et lorsqu’une scène se trouve devant leurs yeux, ils ratent beaucoup de détails. Les enfants en particulier ne dessinent pas ce qu’ils «voient», mais plutôt leur propre interprétation des choses. Ils dessinent les représentations intériorisées des objets qui se trouvent devant eux. Et ces façons de schématiser les choses sont étonnamment semblables à travers les cultures. Vous avez tous remarqué que les enfants, et même certains adultes qui n’ont pas l’habitude de dessiner, représentent souvent les objets sans tenir compte de la perspective, des jeux d’ombres et de certaines dimensions. Il paraît que cette difficulté à représenter des objets que l’on regarde vient du fait que le cerveau humain a évolué de manière à prendre des décisions rapides vis-à-vis de son environnement. Pour pouvoir être efficace, le cerveau humain ne regarde pas les choses telles qu’elles sont, de manière impartiale, mais avec des idées préconçues. Le cerveau n’observe pas tous les détails d’une scène, il observe uniquement les grandes lignes et complète la scène de lui-même pour être plus rapide (pensez à la conduite d’un véhicule par exemple). Le cerveau s’est développé de telle sorte qu’il est devenu capable de s’attendre à voir des choses et non pas juste voir de manière neutre. Ces «attentes» du cerveau sont devenues, avec le temps, incorporées dans notre mécanisme de perception lui-même!
Les réalités visuelles se composent d’un certain nombre d’objets séparés. Le cerveau privilégie naturellement les objets importants ou familiers. C’est ainsi que l’on explique le fait que des enfants autistes arrivent à dessiner avec une étonnante précision. En effet, comme ces derniers ne « s’attendent » pas à voir les choses et qu’ils voient le monde, en quelque sorte, comme une succession de surprises, ils observent tous les détails d’une scène avec le même degré d’intérêt. Pour eux, aucune partie n’est plus importante que les autres. Ils ne font pas d’hypothèses sur ce qu’ils vont voir. En commençant à dessiner, leur cerveau perçoit le tout de manière équitable, et c’est ainsi qu’ils sont capables de dessiner avec beaucoup de détails et de précision. Quant aux gens normaux, tant qu’ils n’apprennent pas à observer les détails, ils continuent à dessiner avec des images, des schémas et des représentations préconçues.

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