Chroniques

De toutes les couleurs : l’effet diode

© D.R

Dans un circuit il y a divers éléments de base dont je vous épargnerai les descriptions, et il y a ce qu’on appelle des diodes. Pour ceux qui ne sont pas habitués à ce genre de langage technique, sachez simplement qu’une diode est un élément de circuit qui ne laisse passer le courant que dans un seul sens. Alors j’imagine le monde de l’art chez-nous, en particulier, comme un circuit électronique dans lequel il y a un peu « trop » de diodes pour que les échanges soient fluides. En d’autres mots, un grand nombre de gens aiment prendre sans jamais rien donner. Comme des diodes.  Le problème est que, comme dans un circuit électronique, plus il y a de diodes, moins il y a de possibilités d’échanges. Donc plus il y a de gens égoïstes, moins il y a de possibilités pour le monde de l’art de se développer dans des conditions justes et équitables pour tous ses membres. Alors, sans tomber dans les généralisations, il est vrai que nous avons au Maroc la fâcheuse tendance à vouloir toujours prendre sans presque rien donner en retour. Des artistes qui veulent toucher les sommets sans prendre le temps de progresser et d’évoluer de manière régulière. Des employés qui veulent gagner de bons salaires en travaillant le moins possible. Des artistes qui vous demandent tout sur vous, sur vos techniques, sur vos relations et même sur vos projets, en prenant soin de tout vous cacher sur les-leurs et sur eux-mêmes… Et pour l’égoïsme primitif, on sait que ce n’est jamais « moi » qui suis égoïste, mais toujours les « autres ». C’est peut-être pour cela que tant de gens vivent dans le besoin alors que le pays est plein de richesses naturelles. Il ne s’agit pas de se mettre à espérer que les gens deviennent tous, soudainement, généreux. Pour être juste et réaliste, il faut reconnaître que nous-autres humains ne pouvons pas être généreux pour rien. En fait, nous sommes des êtres égoïstes par nature. Nous perdons une bonne partie de notre vie à refuser d’être bienveillants. A vouloir jouer le rôle des diodes. Il s’agit d’admettre que la générosité envers d’autres gens que ceux qui nous sont immédiatement proches, n’est pour nous qu’une façon de nous distraire de notre égoïsme quotidien. C’est ce qui explique, en partie peut-être, le succès du capitalisme, qui est basé sur le fait qu’on est quelques fois amené à faire du bien, mais uniquement parce qu’on est poussé par des motivations égoïstes. Ce qui est sûr, c’est qu’on ne peut pas atteindre le bonheur réel en étant totalement égoïste et sans jamais rien donner. Chaque chose a un prix. Pour recevoir il faut offrir. Dépenser de l’énergie pour recevoir de l’énergie. C’est la seule façon juste de fonctionner. Se forcer de temps en temps d’être généreux, de partager, d’offrir et de pardonner, pour pouvoir être pardonné à son tour et bénéficier de la générosité des autres de temps en temps. Essayer d’avoir une bienveillance égale pour tous, sans égoïsme et sans partialité. Le dalaï lama pense que toutes les souffrances sont causées par l’ignorance, et que dans la poursuite égoïste du bonheur ou de la satisfaction, les gens infligent de la peine à d’autres. Il dit que, selon son expérience, plus on cherche le bonheur des autres, plus on a de sens de son propre bien-être.

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