Chroniques

De toutes les couleurs : Les oeuvres scandaleuses

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L’impressionnisme qui a l’air si mignon aujourd’hui était en son temps un mouvement révolutionnaire, traité de «cacophonie» et de «peinture à faire cabrer les chevaux…» Le fauvisme et l’assaut des couleurs heurtèrent un grand nombre de gens. Le cubisme et les demoiselles d’Avignon de Picasso ainsi que le mouvement Dada par exemple, qui a semé la zizanie dans le milieu artistique de l’après-guerre, ont provoqué la perplexité et l’indignation. Jean Dubuffet et son abandon de la couleur au profit d’autres moyens jusque-là exclus du canon matériel de la peinture, disait que «peindre n’est pas teindre». Il a été qualifié de «peintre de la boue» et de «Pitre, charlatan, peint avec de la merde, joue au bébé». Ses tableaux se sont fait traiter de «fond de poubelle, crasse et déchets.» Dali, représentant Lénine avec une fesse «anamorphique, panifiée et molle du bout», dépasse les limites de l’iconoclasme surréaliste, provocant la colère d’André Breton qui s’inquiétait de la tournure politique que prenait la démarche de Dali (voir L’énigme de Guillaume Tell). À New York, alors gouvernée par l’expressionnisme abstrait, Willem De Kooning représente les vénus du XXème siècle et retourne à la figuration, suscitant l’embarras et la colère de toute la communauté artistique (voir Woman I, 1950-1952). Dans le registre de l’horreur, le crime et la défécation, citons ce spécialiste du marketing qu’est Damien Hirst, dont la provocation et le scandale sont savamment calculés (voir «For the love of God» et aussi ses animaux tranchés et plongés dans le formole). Mentionnons aussi l’«œuvre» de l’italien Piero Manzoni intitulée «Merda d’Artista» qui n’a pas besoin de commentaire, ainsi que «Sang et matières fécales » de Hermann Nitsch qui égorgeait des animaux et étalait leur sang et leurs excréments sur des corps nus. Et parmi les plus récents scandales qui marqueront l’histoire de l’art, c’est surtout ceux à caractère blasphématoire qui offensent le plus (signalons que le délit de blasphème revient à la mode dans les pays développés) comme «Piss Christ» de Andres Serrano par exemple ou Benoît XVI en travesti par le Milanais Paolo Schmidlin. Cette dernière œuvre intitulée «Miss Kitty» en a scandalisé plus d’un. Et auparavant, la «Nona Ora» de Maurizio Cattelan, représentant le pape Jean-Paul II effondré sur le sol sous le poids d’une météorite noire qui lui était tombée dessus, a purement et simplement poussé la directrice du musée où était exposée l’œuvre à démissionner.

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