Chroniques

Dialogue contre manipulation

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Ne laissons pas des leaders auto-proclamés s’emparer de notre jeunesse, les interlocuteurs naturels existent, ceux qui militent au quotidien, qui créent les structures associatives et culturelles où se socialisent nos jeunes, ceux qui ne cherchent pas la lumière des projecteurs de la presse étrangère…

Il y a urgence à ouvrir un dialogue national avec la jeunesse. Ce qui se passe à Al-Hoceima en est la preuve où un aventurier cherche à se servir de véritables attentes de la population et les détournent !

Prendre en otage la population du Rif et la mémoire de Abdelkrim Khattabi ne sont pas les signes d’une volonté de recherche d’une solution. Un influenceur du Web, Marocain vivant aux USA, Hicham Solhi, a – dans une vidéo qui fait le buzz – su trouver les bons mots : reconnaissant la justesse des revendications sociales mais mettant les points sur les «i» à Nasser Zefzafi, tant sur le terme «aroubis», que sur l’appropriation de la figure de A. Khattabi, ou encore le respect dû à SM le Roi. Ce que la fille du leader défunt Aicha Al Khattabi a elle aussi dénoncé.

En se concentrant sur les maux sociaux que rencontre Al-Hoceima, les contestataires rencontreraient un écho qui ferait œuvre utile, alors que par leur attitude ils occultent les attentes réelles de la population et singulièrement de la jeunesse.

Ne laissons pas des leaders auto-proclamés s’emparer de notre jeunesse, les interlocuteurs naturels existent, ceux qui militent au quotidien, qui créent les structures associatives et culturelles où se socialisent nos jeunes, ceux qui ne cherchent pas la lumière des projecteurs de la presse étrangère… Je peux vous en citer par centaines tels Idriss El Fatih Hadef, Faysal Ziza, Mounir Aznail, Oussama El Bakkali, Tarek Zakour…

Car ces revendications sont celles des jeunes Marocains ! Les maux décriés par les jeunes d’Al-Hoceima sont leurs maux: le chômage ils le vivent, l’abandon scolaire fait des victimes dans leurs rangs, par centaines, par milliers – ce sont 2 millions d’enfants âgés entre 9 et 15 ans qui se trouvent aujourd’hui hors du circuit scolaire et ne bénéficient d’aucune sorte d’instruction-  l’oisiveté les tue à petit feu et la marginalisation les éloigne un peu plus chaque jour de la société, à la porte de laquelle ils frappent sans réponse…

Leur horizon se borne aux terrasses des cafés dans lesquels se noient leurs espoirs et leurs rêves. Parler d’avenir ne fait même plus partie de leur vocabulaire, la hogra qu’ils vivent au plus profond d’eux en vient à anéantir tout sentiment même de dignité. Ce constat n’est pas une exception, il est partagé par les jeunes Marocain(e)s qu’ils soient de Beni Mellal, d’Oujda, Casablanca, Tafraout, Ouarzazate…c’est bel et bien la même crise d’une jeunesse livrée à elle-même, isolée, délaissée. Pourquoi les élus ne consultent-ils pas la jeunesse de tout le Royaume, cette jeunesse avec laquelle il faut ouvrir le dialogue: les jeunes doivent être associés à la réflexion et aux solutions si l’on veut que cela marche. Quelle politique concrète envisageons-nous pour que la jeunesse marocaine se construise et se projette dans un avenir commun? Un avenir mobilisateur, fédérateur et porteur de perspectives ?

Quelles mesures leur proposons-nous, eux qui ont besoin de se reconnaître et d’être reconnus par notre pays pour pouvoir s’identifier à lui – et en lui ?

Nos jeunes n’en peuvent plus d’être des spectateurs de leur propre pays, ils ne veulent pas être les consommateurs passifs d’une vie de désœuvrement. Il est temps -il est urgent- de rétablir la confiance entre une jeunesse marginalisée, désespérée, jusqu’au-boutiste et les relais institutionnels: gouvernement, partis politiques, institution. Nos jeunes sont d’ailleurs prêts à être associés à ce chantier –  ils regorgent de propositions, d’idées, de pistes d’actions, l’ouverture d’un dialogue leur permettrait de retrouver foi en la volonté de ce gouvernement d’agir avec, par et pour eux.

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