Chroniques

Hors-jeu : Dakar au placard

Le rallye Paris –Dakar peut-il encore exister quand on sait que ses points de départ et d’arrivée changent autant que le tracé du circuit? La ville de la lumière et la cité tropicale qui ont fait sa réputation, en passant par les dunes marocaines et le grand désert mauritanien, ne figurent plus sur le circuit. À vouloir trop rénover, les organisateurs de cette compétition ont complètement dénaturé son essence et affecté la mémoire de son fondateur Thierry Sabine mort sur le parcours de son idée.
Le rallye 2003 a fait un virage de 180 degrés qu’il n’a pas pu contrôler pour effectuer des tonneaux à répétition qui ont fait beaucoup de dégâts corporels et matériels. À tel point que le circuit est devenu comme un champs de bataille qui a fait un mort en Tunisie, un autre en Libye et un équipage a failli faire les frais de l’explosion d’une mine en Egypte. On a frisé l’hécatombe sur un terrain pourtant balisé quand on sait qu’à six jours de l’arrivée à Cherm Cheikh plus de 50 % de la caravane y a laissé des plumes. Ce n’est plus une compétition sportive, c’est une aventure vers… les dunes qui cachent tous les dangers d’une conduite incontrôlée. Paris -Dakar n’est plus qu’une appellation qui n’a pas de sens, ni d’orientation si ce n’est de conduire une caravane vers l’inconnu. Pour éviter le ridicule, la presse française l’a rebaptisé le rallye de Paris… alors que la caravane a fait le départ de Marseille, et avant, à partir d’autres pays que la France. Il vaut mieux l’appeler le Rallye de France puisqu’il est organisé par des Français ou le Rallye de l’Afrique pour dire qu’il traverse l’Europe vers le continent noir.
Mais à ce rythme de changement radical d’itinéraire, le rallye risque de bifurquer complètement vers d’autres continents. Une chose est établie toutefois, le rallye Paris-Dakar ne retient plus le souffle comme il le faisait quand il suivait son itinéraire initial. Son charme était de partir de la capitale des lumières, traverser l’antique Espagne et être transbordé vers l’Afrique à travers le point plus proche au Maroc. La caravane arrimait dans le port de la mythique et international, Tanger, avant de relier la magie du sud par Ouarzazate pour être rattrapée par la splendeur du Sahara marocain. Les concurrents goûtaient à la saveur d’un territoire reconquis par la civilisation marocaine tout en regardant le charme des dunes et la beauté des plages de Dakhla et de Laayoun. La caravane suit sa route naturelle en traversant l’immensité du désert mauritanien avant de rentrer dans le monde magique de l’Afrique : le Sénégal. C’est là où se trouve Dakar avec toute sa splendeur africaine dans son architecture, le bonheur de vivre de ses habitants et la chaleur humaine de ses hommes, ses femmes et ses enfants. C’est ce qui faisait le bonheur de Paris-Dakar qui a construit toute sa notoriété sur ce parcours initial d’une grande diversité climatique et humaine.
Malheureusement Paris-Dakar est devenu un rallye virtuel qui ne passe nulle part, et ce même dans les médias français où il passe inaperçu par la vitesse des images.

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