Chroniques

Hors-jeu : Illusions

Le milieu de terrain international anglais de Manchester United, David Beckham, a signé un contrat de quatre ans au Real Madrid. C’est l’information qui a fait le tour du globe avec autant d’intérêt, partout au monde. Même chez les chinois, les jeunes s’arrachent les maillots de Manchester United uniquement pour s’offrir l’illusion d’être proches de ce prodige blond qui se fait identifier sous l’appellation Beckham. Ce dernier et sa femme ont entamé une tournée promotionnelle en Asie lancée à Tokyo au milieu d’une foule de fans en délire. Il faut noter que son épouse n’est autre que l’ex-Spice Girl Victoria «Posh». Une autre raison qui renforce le statut de Beckham comme étant le joueur le plus médiatisé de la planète football, ce qui en fait aussi un excellent argument marketing. Une nouvelle illustration de l’étroite imbrication entre le monde du sport et celui de la finance. La politique observée par le président du club madrilène cadre parfaitement avec une méthode désormais éprouvée, et payante : recruter des stars capables de lui ouvrir de nouveaux marchés pour les produits dérivés. Ce qui peut paraître paradoxal en revanche, c’est le montant du transfert. Même pas la moitié de ce qu’a coûté Zidane au Real. Le transfert de Beckham se situe très loin des plus gros transferts de l’histoire de football. D’ailleurs c’est le même club espagnol qui détient le record en matière d’importation de stars du ballon rond. Le Real de Madrid a fait venir le Portugais Figo pour 61,7 millions d’euros à l’été 2000, le Français Zinédine Zidane pour 75,1 millions d’euros à l’été 2001 et le Brésilien Ronaldo à l’été 2002 pour 45 millions d’euros. Un amalgame de talents qui n’a pas permis au Real de s’approprier cette saison la Ligue des Champions mais le club peut se targuer d’être, en bonne partie grâce à leur notoriété, redevenu le plus riche du monde.
Si le même transfert avait eu lieu quelques années plus tôt, Beckham aurait coûté beaucoup plus. Mais la nette régression des droits de retransmission et le recul enregistré qui s’en est suivi ont désormais le dernier mot. Toutefois la cible immédiate pour le président du Real Madrid est le marché asiatique encore peu prospecté par les puissances du football-business. En illusionnant un peu, et en imaginant si c’était un joueur Marocain qui a coûté le même prix, le football national serait d’une autre dimension. Quelque millions d’euros injectés dans notre caisse, aussi sèche que les domaines des Touaregs aux fins fonds du Sahara, auraient métamorphosé notre football. En l’espace de 24 heures nous aurions un championnat professionnel comparable à celui de la France ou du Portugal. Il suffit d’un coup de pouce semblable pour que des joueurs de GNF I trouvent des vestiaires au lieu de se changer debout en plein air. Une simple signature ferait de vraies pelouses des champs d’orge actuels dans nos stades. Les déplacements des équipes ne se feraient plus dans des bus du 19ème siècle et le public remplirait les gradins déserts. Quand on dit que les mêmes causes produisent les mêmes effets, on ne dit rien. Car les mêmes choses ne se reproduisent jamais  et d’ailleurs on ne peut jamais connaître toutes les causes.

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