Chroniques

Hors-jeu : Le jeu d’instinct

Pourquoi le football national n’offre plus le beau spectacle d’antan ? Pourquoi notre championnat n’est plus attrayant ? Pourquoi nos stades sont désertés par le public ? Le niveau du football national a sensiblement baissé par rapport à l’ascension constante de celui des pays africains. Certains diront que les clubs manquent de moyens pour former les joueurs, d’autres imputent cette régression aux schémas tactiques des entraîneurs, enfin une bonne partie de l’opinion sportive accuse le système amateur d’être la cause de cette léthargie footbalistique. Il y a certainement la conjugaison de ces facteurs et beaucoup d’autres qui influent directement et indirectement sur l’efficacité des joueurs. Ce qui est par contre une certitude, c’est que les joueurs racés, technicien et dotés d’intelligence de jeu deviennent de plus en plus rares dans nos championnats. Premier constat : la plupart des joueurs font aujourd’hui leurs classes dans les catégories des jeunes de leurs équipes. Deuxième constat : on ne trouve plus d’attaquants, de dribbleurs et d’ailiers sans qu’ils ne soient faux. En résumé le joueur d’instinct a disparu pour céder la place à un joueur automatisé qui ne peut effectuer un pas de plus sans qu’il ne reçoive des consignes de son entraîneur. Il est difficile de ne pas faire la corrélation entre ce phénomène et la raréfaction du football des quartiers et des terrains vagues. Jusqu’à la fin des années soixante-dix, ce football informel était la plus grande pépinière qui alimentait les équipes de premiere division. Mais depuis que l’urbanisation dans les grandes villes a rasé la plupart des terrains vagues, la pénurie des bons joueurs a commencé sérieusement à se sentir sur les équipes. Il y a de moins en moins d’attaquants et de plus en plus de défenseurs et de milieux de terrain. Les joueurs qui marquent les buts, dribblent leurs adversaires et font de longues échappées font sérieusement défaut aujourd’hui. L’efficacité des équipes s’en trouve automatiquement affectée puisque les entraîneurs inculquent plus à leurs joueurs la notion de se défendre plus que celle d’attaquer. Résultat, l’équipe nationale se retrouve avec une pénurie d’attaquants qui lui a joué de mauvais tours dans les éliminatoires de la coupe du monde. Même le Brésil, souffre de ce jeu moderne qui privilégie la tactique sur le jeu d’instinct des joueurs formés sur les plages. Depuis que le footballeur brésilien a succombé au charme de la rigueur, «wla seleçao» peine de plus en plus dans le Mondial, voire dans les éliminatoires et la Copa America. Pelé, Maradona, Cruyff, Van Basten, Dolmy, Timoumi , étaient des artistes de football qui savaient joindre l’efficacité à la beauté du geste. Ils n’ont jamais été des ouvriers sur le chantier du football.

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