Chroniques

Hors-jeu : Le mur arabe

La fédération irakienne de football a décidé de rompre toute relation avec son homologue émiratie. À l’origine de ce conflit, le refus du club émirati d’El Wahda de se rendre à Baghdad pour rencontrer l’équipe locale Al Zaoura dans un match comptant pour la coupe d’Asie.
On ne sait pas pourquoi les dirigeants de ce club ont refusé de se déplacer à Baghdad, mais la réaction des Irakiens a été tout aussi ferme et impulsive. Ces derniers, trop affectés par cette attitude incompréhensible, ont décidé de cesser toutes formes de coopération dans le domaine de football avec leur voisin du Golfe. Désormais, le transfert des joueurs et entraîneurs irakiens ainsi que l’organisation des stages et des matchs amicaux dans les Emirats Arabes Unis sont suspendus jusqu’à nouvel ordre. On devine combien cette rupture sportive s’étendra dans le temps quand on sait que les Arabes battent tous les records dans cet exercice.
Et voilà la boucle est bouclée, le virus de la désunion arabe s’est propagé au football pour prendre en otage et les joueurs et les entraîneurs. Ce n’est pas la première fois que cela se produit, mais le comportement des responsables du club émirati est tout de même curieux. Car les dirigeants politiques de ce pays ont déployé des efforts considérables pour essayer de lever l’embargo imposé sur l’Irak. Le président des EAU, Cheikh Zaid Ben Soltan Al Nahyane, en nationaliste arabe avéré, s’est distingué par ses prises de position courageuses sur le drame irakien. Mais il semble que le mal de la désunion arabe est si ancré dans les esprits qu’il est devenu systématique. On l’a constaté lors des derniers jeux panarabes d’Amman quand le Koweït avait menacé de ne pas y participer si les organisateurs n’en excluaient pas l’Irak. Les raisons politiques ont fini par contaminer le sport et la délégation irakienne fut longtemps bloquée à la frontière jordanienne avant de rebrousser chemin. Cette exclusion des sportifs rappelle le suivisme aveugle des pays arabes à l’époque de la guerre froide. Ceux qui étaient alliés aux Etats-Unis ont refusé de participer aux J.O de Moscou de 1980. De l’autre coté les pays arabes dits alors «progressistes» ont boycotté les jeux olympiques de Los Angeles de 1984. Seul le sport arabe en a pâti. Car comble d’ironie, l’Afghanistan qui était à l’origine du boycottage sportif de l’époque, unit aujourd’hui autour de lui, les pires ennemis de la planète. Tout change sauf le mur arabe érigé sur une fondation solide composée d’une mentalité en briques figées et rigides.

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