Chroniques

Hors-jeu : L’ovale prise en otage

Même si le ridicule ne tue pas, il ne détruit pas, non plus. Voilà une sélection nationale marocaine de rugby qui représente son pays sans l’aval, ni même la connaissance, des instances de tutelle. Ni la Fédération royale marocaine de rugby (FRMR), ni la direction technique n’étaient mises au courant que des Marocains qui vivent pour la plupart l’étranger défendent les couleurs nationales et se font écraser par l’équipe B de France par un score record (72 à 0). Ce n’est qu’après la diffusion de l’information par l’agence marocaine de presse que les interrogations commencèrent à fuser de toute part. Par définition, les impondérables sont inconnus. Sauf que ce qui vient de se passer à Tripoli au Liban. Or, il s’agit d’une récidive. Il y a juste quelques années, la même mascarade avait eu lieu à cause d’une autre vraie-fausse sélection qui avait enregistré une défaite salée de 82 à zéro. A cette époque, la Fédération avait saisi le ministère de la Jeunesse et des Sports, qui n’existe plus de nos jours, ainsi que le Comité national olympique (CNOM). Mais visiblement l’affaire a été classée. D’autant plus que la même situation s’était produite dans d’autres pays où le rugby est plus ancré que le nôtre. Des ex-internationaux ou d’anciens joueurs se rassemblent pour des petites exhibitions sous les couleurs de leur pays. Autrement dit, ce n’est pas un délit d’usurpation d’identité. Toujours est-il que la prestation doit-être à la hauteur de l’initiative. Mais de là à aller jouer, juste pour servir les autres équipes comme dans leurs séances d’entraînement, dans des tournois d’envergure internationale, ce ne peut être qu’inacceptable. Même s’il ne s’agit que de la sphère d’amateurs, c’est la réputation du rugby national qui est mise en doute. Nonobstant le fait qu’il s’agisse du rugby à sept, ou le rugby à treize ou à quinze, il n’en demeure pas moins que la FRMR doit être informée. Plus encore, la Fédération doit prendre par à la coordination. Le Rugby marocain est en plein essor grâce aux efforts de la FRMR, mais son aura est quelque peu effacée par la notoriété du football et du tennis qui sont aux deux premiers rangs en nombre de licenciés. Qui se souviendra du déplacement en Asie de l’équipe du Maroc, il y a quelques années ? En début de l’année 2003, l’équipe marocaine de rugby a écrit l’une des plus belles pages de l’ovale nationale en battant pour la première fois de son histoire une sélection nationale française sur le score de 32 à 22. Une performance de taille même s’il ne s’agissait pas du grand Quinze de France et qu’il s’agissait simplement d’un match amical. La victoire a eu lieu en présence du président de la Fédération française de rugby et ses deux vice-présidents. Rien que de savoir qu’une équipe marocaine vient d’être battue par 72 à 0, et dans une coupe méditerranéenne de surcroît, met mal à l’aise. Mais qui est ce personnage qui se permet de traîner dans la boue une réputation qui commence à peine à prendre des couleurs dignes de l’ambition marocaine ? Quand on est disposé à voir le grotesque partout on ne le voit nulle part.

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