Chroniques

Incarner une cause !

© D.R

Les réseaux sociaux ont beaucoup de qualités, notamment celles d’abattre les frontières mais ils ont leurs travers : trop souvent aujourd’hui on pense que parce que l’on a liké un post, on a signé une pétition en ligne, ou l’on s’est fendu d’un commentaire, nous sommes quittes envers la cause que l’on défend…

Invité jeudi soir à une rencontre sur le thème «Je suis l’Autre» au stade olympique casablancais Simon Pinto, j’ai pris conscience de plusieurs choses et en ai tiré un certain nombre d’enseignements.

Tout d’abord l’envie des Marocains musulmans et juifs de se retrouver, ensuite l’affluence lorsque les citoyens se sentent concernés par un sujet, et enfin l’absolue nécessité pour toutes les femmes et hommes de conviction – associatifs, politiques, auteurs …/…- d’aller à la rencontre de nos compatriotes… il n’y a que de cette façon que nous créerons du lien.

Mais la plus grande leçon que j’en tirerai est que lorsque l’on est convaincu, lorsque l’on croit en une cause, alors il faut l’incarner : concrètement, sur le terrain, «aller au contact»… il faut «donner de sa personne». Les réseaux sociaux ont beaucoup de qualités, notamment celles d’abattre les frontières mais ils ont leurs travers : trop souvent aujourd’hui on pense que parce que l’on a liké un post, on a signé une pétition en ligne, ou l’on s’est fendu d’un commentaire, nous sommes quittes envers la cause que l’on défend… Non ! Tout cela est nécessaire mais non suffisant, il faut incarner la cause que l’on porte, sinon cela restera lettre morte.

Les écrivains, les philosophes, les journalistes… ont un rôle irremplaçable : par leurs écrits, leurs paroles ils expliquent, ils éclairent… les militants ont un rôle différent à tenir,  ils doivent «gagner leurs galons» de militants sur le terrain et être capables d’incarner viscéralement ce qu’ils défendent.
Je le constate auprès des jeunes : aller à leur rencontre uniquement lorsqu’une échéance approche, qu’une caméra est allumée ou que la situation menace de dégénérer est contre-productif, je l’ai également constaté au SOC lors de ce débat, pour intéresser, pour faire passer le message, pour impliquer les autres il faut soi-même incarner cette cause que l’on défend.

Lors de cette rencontre «Je suis l’Autre», Driss Jaydane présentait son nouveau livre «La Faute et le festin», moi-même y présentais le mien «Mots pour maux» et Gabriel Banon menait le débat, l’exercice aurait pu être «casse- gueule», il a été magique…  En effet, bien que la thématique des deux ouvrages soit différente, j’ai vu à quel point le sujet de la culture porté par Driss touche non seulement un public «averti» mais aussi la jeunesse, justement parce qu’il sait incarner ce en quoi il croit, en allant le défendre sur le terrain, partout où les jeunes sont en demande, en quête de sens, en recherche d’explications.
Quant à moi, j’ai vu avec bonheur qu’un public d’adultes pouvait se révéler passionné par le récit de mon expérience de terrain, par les mots que j’emploie pour décrire les maux rencontrés par notre jeunesse, par notre société au quotidien, parce que je m’efforce d’incarner ce combat…
Au final le résultat a été formidable qui a vu toutes les composantes du public – toutes religions et toutes générations confondues – se (re)trouver, dialoguer directement, s’émouvoir et se comprendre mutuellement… et prendre des contacts et des rendez-vous futurs…
Incarner une cause est le vrai moyen de convaincre et d’instaurer la confiance !

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