Chroniques

J’ai 20 ans… n’avez-vous donc rien à me dire ?

J’ai eu 20 ans en août dernier, j’habite Derb Sultan à Casa. Je m’appelle Younes, après avoir quitté l’école et grâce à l’association « Mostaqbal » créée par d’autres jeunes du quartier, j’ai réussi à sortir de l’espèce de spirale qui me guettait et qui malheureusement engloutit tant de mes potes : rass derb, nuit blanche, joints, cyber et el oualida en bouée de secours…Grâce à l’asso j’ai participé à des activités, rencontré des gens et suivi une formation, hamdoulillah aujourd’hui je suis pompiste au Maarif, et entre le salaire et les petits pourboires, je vis !  J’essaye de «m’en sortir» même si rien n’est facile, coincé que je suis entre les amis qui «dérivent», ceux qui font des études pour devenir chômeurs au bout du compte, et ces ouled kalimini qui me regardent du haut de leur coûteuse voiture à la station-service où je travaille. Nous sommes nombreux dans mon cas, sûrement même la majorité, issus de milieu modeste mais qui y croyons, qui avons la volonté de réussir, qui cherchons à comprendre ce qui se passe autour de nous…D’ailleurs en ce moment je m’en pose des questions ! Et personne ne me répond… J’ai l’impression que tous ceux dont c’est « le boulot» parlent un langage que je ne comprends pas ou bien que pour eux je suis une sorte de «JEMANI» – Jeune Marocain Non Identifié – hier au cyber en allant sur facebook j’ai vu une affiche qui représentait un jeune qui me ressemblait et qui disait que «Ma voix valait plus que 200 dirhams, et que je ne devais pas la vendre mais l’utiliser pour aller voter». J’ai montré ça aux copains autour de moi et on est entré dans une discussion sans fin, moi je disais que c’était vrai ce que disait ce slogan, qu’il fallait être conscient de la valeur de notre voix et que si on voulait que «ça change» on ne pouvait pas rester les bras croisés, mais Salmane qui est à la fac me disait que lui ne voulait pas voter parce que les politiques ne lui inspiraient aucune confiance et que tous les partis disaient la même chose, Si Mohamed lui disait qu’il prendrait les 200 dirhams car il serait sûr d’avoir au moins «gagné ça»…les autres amis se moquaient totalement de ce qu’on disait et nous répondaient que, eux ce qu’ils voulaient c’était travailler, fonder une famille, s’acheter un appart, une voiture… et que ce n’était pas tous ces politiques – qui ne se souviennent de leur existence que 15 jours avant les élections – qui allaient les aider à obtenir ça, vu que leur principal souci à eux, est de  s’enrichir et «caser» leurs enfants… J’aimerais bien avoir de quoi leur répondre à tous ces jeunes qui tiennent ces discours défaitistes, j’aimerais bien les convaincre que non, qu’ils ont tort, qu’ il faut s’impliquer, s’engager, aller voter pour ne pas laisser d’autres décider à notre place, mais je manque d’arguments…Si je me trouvais en face de responsables politiques, je leur dirais, moi : parlez moi, parlez-nous, expliquez-nous, proposez-nous, demandez-nous notre avis, dites-nous ce que vous ferez, donnez-nous des raisons de vous croire, offrez-nous des choix… Mais malheureusement on ne les rencontre pas ! N’ont-ils donc rien à me dire, n’ont-ils rien à NOUS dire ?
J’ai 20 ans… 20 ans ! J’aime mon pays, j’aime mon Roi, je veux le meilleur pour les miens, pour mes concitoyens, pour moi, pour le Maroc…et ma voix je la donnerai à celui qui la méritera !

Articles similaires

Chroniques

Se comparera bien qui se comparera le dernier… !

Toutes les comparaisons ne sont pas dangereuses pour nous et il en...

Chroniques

Un «sacré» ftour pluriel… mon récit

Aujourd’hui le Ftour Pluriel est devenu un rendez-vous phare du vivre-ensemble en...

Chroniques

Aux européennes, le triomphe annoncé de l’extrême droite !

En plus des raisons liées à la personnalité propre de Jordan Bardella,...

Chroniques

Écrire pour mieux souffrir

Pour écrire des livres profonds qui vont du cœur et s’adressent au...

EDITO

Couverture

Nos supplément spéciaux