Chroniques

J’aime, je partage: La vie des autres sur le Net

© D.R

J’avoue que je n’ai trouvé aucune réponse valable pour rassurer cet enfant. Encore moins lui apporter une solution définitive à son problème, qui est devenu un calvaire vécu tous les jours. Ces parents ont même tenté  d’alléger les souffrances  de leur petit en allant parler à ses enseignants, discuter avec quelques copains de classe, mais rien. Toujours des profils inconnus qui s’acharnent sur le gamin et bousillent sa vie. Le gosse a même tenté de se suicider. C’est dire la gravité de tels actes débiles, qui restent impunis sur la Toile. N’importe qui peut insulter n’importe qui. Le diffamer, parler de sa vie privée, porter atteinte à l’intégrité de sa personne. Quel recours ? Rien. Il faut se résoudre à l’idée que c’est la règle du jeu. Dans un tel jeu de vices, on a eu droit à des épisodes sinistres de filles que l’on a affichées à poil sur le Net pour une sombre histoire de vengeance, des couples brisés à cause de l’obsession de tel ou tel autre qui avait un compte à régler, des hommes et des femmes harcelés, traqués, qui payent le prix fort aux connexions sociales sur fond de bêtises et d’oisiveté. Car que l’on ne s’y trompe pas, ce type de réseaux, s’ils ne sont pas utilisés pour lier des contacts productifs, apprendre, s’ouvrir des opportunités de travail et d’embauche, chercher des stages, préparer une belle carrière professionnelle, ils sont tout bonnement inutiles. Passer la journée à draguer, se faire draguer, commenter, liker, taguer, préciser où on a pris son café, avec qui, comment on s’est réveillé ce matin, poster la dernière photo, afficher ses gosses, étaler son intimité, raconter dans les détails sa vie, ses relations, impliquer d’autres gens dans ce déballage… Franchement, c’est inqualifiable.  Mais on s’en fiche que vous ayez mangé chez tel et que votre assiette était composée de telle ou telle autre manière. Qui se soucie du fait que vous avez pris un avion pour Paris, avec photo à l’appui pour attester de la véracité du fait ?
Mais tout ceci, aussi insignifiant qu’il soit, est moins grave que d’atteindre à la vie des autres. S’immiscer dans l’existence des autres pour leur faire du mal, en toute impunité, voici ce qui pose problème. Qui est responsable? Qui doit protéger les usagers du Net et des réseaux sociaux ? Comment prévenir ce type de dérapages dont les conséquences sont parfois désastreuses ? Car, on ne peut pas dire, au nom de la liberté, que tout est permis. Caché comme un lâche derrière un clavier sous une fausse identité ou volant celle d’un autre, je tape ce que je veux, je cause du tort aux gens et je suis sûr que c’est cool, puisque cela passe comme une lettre à la poste, ni dérangé ni questionné, encore moins obligé de répondre de mes actes et d’assumer. La Toile est un monde qui peut être merveilleux, mais il est tout aussi dangereux. C’est la vérité que l’on doit garder à l’esprit en surfant… pour éviter de se faire mal.

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