Chroniques

J’aime, je partage: Le ballon ne tourne pas rond

© D.R

Face à la polémique sur le désistement du Maroc pour l’organisation de la Coupe d’Afrique des Nations de football sur son sol, je me dis  que mon ami, professeur d’histoire et de géographie, fin connaisseur de tout ce qui fait l’actu du monde, pourrait avoir un autre son de cloche pour dissiper quelques malentendus et clarifier ma vision. Toujours la même ambiance chez le coiffeur.

Il y a le prof qui tient salon, comme à son habitude. Cette fois, la mine est grave, sujet oblige. Il est question d’Ebola et de la CAN 2015 que le Maroc doit organiser conformément à ses engagements avec la CAF. «Il y a de gros risques. On ne peut pas jouer avec la vie des citoyens. Vous l’avez vu, les responsables marocains ont pris la pleine mesure des dangers  et pensent à se désister. Pour une fois, c’est une décision à la fois audacieuse et rationnelle».

Dans l’assemblée, certains opinent du chef. D’autres sont contre: «Mais vous savez que le Maroc a beaucoup à perdre en se désistant. Organiser un tel événement sportif, c’est à la fois du prestige, un coup de fouet au tourisme, l’image du Maroc qui rayonne davantage, car pendant un mois tout le monde vivra au rythme du foot africain sur notre terre, ce n’est pas rien. Ebola peut être un risque, mais le Maroc est tout de même paré contre ce type de dangers, non ?». Quand on y pense, le Maroc a aussi beaucoup à perdre face à un tel refus. C’est un dilemme.

D’un côté, la CAN au Maroc apporte beaucoup de bonnes choses. Sur le plan sportif, le football national, qui est en perte de vitesse sur tous les plans, peut retrouver des couleurs. On peut même renouer avec les bons résultats, et pourquoi pas donner corps à une réelle équipe nationale digne de ce nom et même gagner le trophée. On ne sait jamais, chez soi, devant son public, il y a des miracles qui peuvent naître. «Et puis, il y a la politique marocaine en Afrique, cette percée sur tous les fronts dont la CAN est partie prenante dans une approche  globale. Annuler, se désister pourrait être pris comme un dos tourné à l’Afrique, comme si le Maroc, pays toujours au chevet des autres nations, surtout dans les périodes de crises, faisait un pas  en arrière». Le professeur d’histoire demande un temps mort. Pour lui, le football aujourd’hui est une machine à faire du fric et à engranger des points dans le concert des nations qui comptent. La CAN ce n’est certes pas la Coupe du monde, mais c’est l’un des plus grands tournois de la planète.

Les retombées sont toujours bonnes à prendre. «Mais là, face à cette situation inextricable, c’est dur de trancher. Les enjeux sont gros. Faut la jouer finement, tout en subtilité pour n’y laisser aucune plume ni sur le plan de l’image ni sur le plan des engagements, encore moins de la coopération entre notre pays et le continent où tout reste à faire».  Malin celui qui peut nous dire comment  se sortir d’un tel casse-tête. Avec Ebola, on ne prend aucun risque.

C’est foudroyant et cela peut faire des ravages en cas de contamination.  Le risque zéro est exclu dans un tel cas de figure. Reste l’espoir que d’ici là, on y voie plus clair. Entre-temps, il faut continuer à jouer au foot, même si  ça ne tourne pas toujours rond.

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