Chroniques

Label marocanité : Boujadisme

Similitudes ? Oui. Il y a le dénominateur commun d’un antiparlementarisme échevelé qui donne de virulents imprécateurs de l’institution parlementaire. Tous deux font commerce de cet puéril éloge du peuple indigent contre une élite moderne, corrompue et vérolée par le pouvoir. Et puis ce rapport obsessionnel à l’argent public et à l’impôt. Ils partagent le conservatisme, le goût du contre-pied et le plaisir du pamphlet hystérique. Ils différent sur un point. Le poujadisme, s’est engagé sur le terrain politique d’une quatrième République finissante. Notre boujadisme national se contente d’être sur les barricades d’un journal étourdi par la puissance de ses ventes. Pour la bonne bouche, avec un peu de sémiologie, tout chez Nini est dans le nom. Il est doublement prédestiné. En darija marocain, il évoque cette formule que toutes nos tendres mamans marocaines ont utilisée pour endormir leurs bébés «nini y a moumou». Lui, c’est le peuple qu’il endort avec du somnifère stylistique et linguistique. On en retient cette enivrante impression d’être éveillés sur les turpitudes qui minent notre société. Piètres illusions. Les sujets de fond ne sont jamais, par lui, abordés. On est  systématiquement invités à une boucherie plumitive où la délation sert d’argument de vente. Eboueur quotidien des poubelles de nôtre société en quête de sens, ses chroniques nous livrent, chaque matin, un nom, un ministre, un confrère, une famille… bref, une victime en offrande sacrificielle pour ravitailler les instincts les plus bas. Du côté de la langue de Molière, et c’est étrange, le nom de Nini appelle la double négation. Et à la lecture de ces textes, il y a étonnamment le même sentiment qui se dégage. Ni avec les uns ni avec les autres, exception faite des lignes rouges. Ni vraiment érudit ni tout à fait profane. Ni intellectuel, au sens strict du terme malgré un style alerte et singulier, sans qu’on puisse vraiment l’accuser d’inculture. On évoque souvent son expérience du Hrig. Douloureuse et singulière aventure. Il en a probablement gardé de l’amertume. Ce qui est sûr, c’est qu’il en a aussi retenu un goût pour le feu. Ainsi il en est devenu le flambeur de la réputation de ses cibles, l’incendiaire de l’honneur de ceux qu’il déteste et le pyromane de ce qu’il y a de plus noble dans les usages et moeurs de notre pays.

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