Chroniques

Label marocanité : Boutef et l’oubli

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Hier, 18 313 594 électeurs algériens étaient appelés à se rendre aux  urnes. 903 727 inscrits sur les listes électorales de la  communauté algérienne à l’étranger avaient déjà commencé leur vote samedi dernier. La plus grande masse des Algériens de l’étranger étant concentrée en France, cette consultation référendaire fut allégrement couverte par les médias français. Nous vivons ici et depuis une semaine à l’heure algérienne.
Ce référendum est une affaire interne à l’Algérie. Personne n’est dupe sur les objectifs de cette consultation. Elle est annoncée comme l’appel à une adhésion à la «Charte sur la paix et la réconciliation nationale». On peut aussi l’interpréter comme un moyen démocratique d’infliger le devoir d’amnésie.
Après près de dix ans d’affrontements où l’effroyable a convolé avec l’innommable, le peuple algérien aura vécu une guerre sale, cruelle et garnie de saloperies. Etat et islamistes se sont livrés une lutte homérique qui a fait plus de 200000 morts et entre 15 000 à 20 000 disparus. Le sol algérien va être inondé par des torrents de sang. Non pas le sang des braves ni celui des combattants héroïques. Mais le sang des civils innocents : femmes, enfants, vieillards, intellectuels, poètes, journalistes et tout ce que le peuple algérien a de plus lumineux. Et voilà que la mémoire est appelée à se dissoudre au fond de l’urne.
Le référendum n’est pas dénué, non plus, de calculs politiciens. Boutef en attend indubitablement une dimension plébiscitaire. En effet, selon des résultats prévisibles tant le choix des Algériens est entre le Oui et le Oui, Boutef pourrait sortir conforté de ce tour de prestidigitateur Il va pouvoir se parer des atours de la toge d’une légitimité nouvelle. Celle qui lui permettra de consolider ses pouvoirs, d’assurer l’impunité de la sécurité militaire et de tourner manifestement le chapitre de la guerre civile. On murmure qu’il prépare une modification constitutionnelle qui lui permettra de se représenter à sa propre succession à l’instar de ce qu’a fait Ben Ali ou Moubarak.
C’est de l’occultisme politique à la boutef. L’Etat algérien excelle dans le tripotage de l’histoire. Ce pays qui est souvent prompt à faire la leçon aux autres ne manque décidément pas de toupet. Ni de morgue. En particulier quand il s’agit du Maroc géopolitiquement et de la France historiquement. Ainsi, en février 2005, le Pouvoir algérien, avec tout ce qu’il compte comme voix officielles, va tancer la France parce que son parlement s’est aventuré à vouloir trouver un «aspect positif de la colonisation». L’amnésie est admissible pour les Algériens. Elle est interdite aux autres. Le Maroc est aussi bien placé pour mesurer, depuis trente ans, le talent manipulateur de son voisin. La France, ayant payé un lourd tribut au djihadisme algérien, se sent concernée par la consultation. Elle a été décrétée comme «Dar Alharb»  avec détournement d’avion, attentats, Kelkal, assassinat des moines de Tibéhirine. Il est donc normal qu’elle scrute fébrilement ce scrutin.

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