Chroniques

Label marocanité : Chirac : Sphinx et Sisyphe

Tout laisse croire que les derniers vœux  de Jacques Chirac sont plus adressés aux futurs candidats aux élections présidentielles qu’aux Français. Je pense qu’ils étaient tout particulièrement adressés à Sarkozy.
Si on met à part le couplet sur « les soldats engagés sur tous les continents au service de la paix » et celui sur « toutes celles et à tous ceux qui connaissent la maladie, la solitude, la peine»,  qui sont redondants. Il n’y a aucune comparaison avec les précédents vœux. Ni dans la forme ni dans le ton.
En 2006, par exemple, il était revenu sur l’action de son gouvernement durant l’année 2005 et avait assigné deux priorités pour l’année. Là, il ne s’est pas simplement contenté de déclarer sa passion pour la France, ce qui est loin d’être fréquent dans son lexique politique. Il a été surtout et tant offensif dans sa volonté de prendre part aux débats qui attendent les Français que certains n’ont pas hésité à y voir une suspicion candidature possible. La cinquième. Ce que je ne pense pas. Mais sait-on jamais avec Jacques Chirac !
L’homme est un tacticien hors pair et un manœuvrier d’exception. Il n’est jamais aussi bon que dans les combats électoraux. Le plaisir des victoires semble être, pour lui, plus jouissif que l’exercice du pouvoir lui-même.
Chirac n’est pas du genre à abdiquer face l’impopularité ou le rejet sondagier. Cet homme est un alliage du sphinx et de Sisyphe.
Il a été, par le passé, le véritable tombeur de Valéry Giscard d’Estaing en 1981. Il a pu se relever de sa défaite, en 1988, face à un François Mitterrand qui, après un mandat, était devenu un tonton fantasmé.  Il a, dans un moment où il fut confiné, par la trahison de ses compagnons dont un certain  Sarkozy, dans une solitude quasi hivernale avant de reprendre la main face à un Balladur populaire et arrogant pour ensuite battre Lionel Jospin en 1995. Il a enfin réussi, dans des circonstances dont chacun se souvient, à se faire élire, en 2002, au second tour avec 82% des voix dont celles qui, nombreuses comme la mienne, étaient contraintes et forcées. De toute évidence, le parcours électoral de Jacques Chirac aura été plus saillant que son double bilan présidentiel.
Cette fois-ci, c’est la nature même de l’équation qui change. L’enjeu n’est pas, ses possibles ennuis judiciaires mis à part, le devenir  de Chirac. La crainte du Président semble concerner sa conception de la France et son devenir. Il a dressé ainsi cinq priorités qui sont plus un tableau de bord qu’une feuille de route. Mais tout est dans la hiérarchie des choses. La première priorité reste celle qui configure le portrait le plus anti-Sarkozy. Elle plaide pour l’unité et le rassemblement autour des valeurs… la liberté, l’humanisme, le respect, et notamment le respect de la diversité et des différences, la laïcité, le combat contre le racisme, l’antisémitisme, le communautarisme. Quand on connaît les positions du futur candidat de l’UMP sur la discrimination positive ou sur la laïcité, on commence à songer à un Chirac capable de voter contre le candidat de son camp.

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