Chroniques

Label marocanité : De Villepin, la prothèse

"Je le regrette et je les retire", C’est ainsi que Dominique de Villepin, devant un hémicycle comblé et silencieux, s’adressera mercredi à François Hollande. La veille, le premier avait traité le second de lâche. Trois fois. Comme lorsqu’on prononce, en terre d’Islam, une répudiation sous le coup de la colère !
Pauvre Dominique. Il comptait trouver du répit avec le foot et le Mondial, voilà qu’on s’amuse à l’appeler Domenech de Villepin. En ces temps difficiles pour l’équipe de France, le nom du sélectionneur est devenu un sobriquet d’incompétence. Cruel pour les deux.
C’est que l’homme est carbonisé et caramélisé. A chaque fois, il retire sans se retirer. Le retrait est devenu sa marque de fabrique. Son mode de gouvernance. D’autres à sa place seraient partis depuis longtemps. Lui, il reste. Et il encaisse les coups. Rudes.
C’est à se demander comment cet homme peut tenir. C’est à se poser la question s’il a encore, lui le chevaleresque, une once de dignité tant il plie, tel un roseau, sous le poids du pilonnage. Se démettre n’est pas dans sa grammaire. Se remettre en cause, non plus. C’est à ne plus rien comprendre dans le paradoxe entre l’allure, fière et altière, de cet homme et cette vigoureuse aptitude qu’il a d’avaler les couleuvres. Les plus obèses.
Lui qui s’était promis de s’imposer en 100 jours  n’est plus que l’ombre de lui-même. Il n’y a pas si longtemps, on raillait Raffarin que Dominique n’hésitait pas à qualifier de « Raffarien ». Lui, on ne le raille même pas. On le fuit.
Le poète a égaré ses rimes. L’interlocuteur de la gargouille a perdu son éloquence comme d’autres perdent la main. Fini De Villepin du discours de l’ONU. Le verbe haut perché ne le protège plus. Au contraire, il le désincarne. Et lui donne ce singulier profil de quelqu’un qui vit dans le concept plus que dans la réalité. Son logiciel est comme défectueux. Rien ne va plus. Comme au casino.
Il a beau faire, il n’arrive pas à se dégager de deux procès qui lui collent à la peau : un premier procès d’illégitimité. Il n’est pas produit du suffrage universel. C’est l’enfant gâté de la technostructure. Lui qui a toujours vécu dans l’ombre des puissants, dans les bureaux luxueux de la République, ne sait pas ce que c’est un électeur. Du coup, il est fragile devant un parlementaire que, dans le même temps, il méprise. Rien d’anormal, donc, à ce qu’il ne comprenne pas que le rôle d’une opposition, dans une démocratie, c’est d’abord de s’opposer.
Le second procès, c’est qu’il est Premier ministre par accident. Et non pas par filiation comme ce fut le cas pour Juppé. Sans les difficultés judiciaires de ce dernier et la haine que porte le président pour Sarkozy, jamais il n’aurait connu la fortune qui est la sienne. Ce n’est donc pas un destin. Tout au plus une prothèse.
De Villepin est un repoussoir dans l’opinion et un talon d’Achille pour la majorité. Ce n’est certainement pas pour déranger l’opposition. Cela incommode surtout ses propres amis qui voient en lui l’incarnation de leurs échecs futurs. C’est ce qui explique leur virulence.

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