Chroniques

Label marocanité : des cas d’école

Quelle est la différence entre Tahiti et Haïti ? Exactement la différence qu’il y a entre le rêve et le cauchemar. Espaces insulaires, l’un fait partie de l’archipel polynésien et l’autre est un pays qui se situe dans les Caraïbes. Tahiti, 280.000 habitants, est en Polynésie française, située dans le Pacifique entre la Californie et l’Australie. Haïti, pays de près de 10 millions d’habitants, fait partie des Antilles donnant à la fois sur la mer des Caraïbes et sur l’océan Atlantique, fait face à Cuba. Tahiti évoque le rêve, le farniente, les vacances d’Obama, les atolls et les révoltés du Bounty. Haïti convoque la misère la plus insoutenable et la densité démographique effrayante. Tahiti fut le terrain de la colonisation anglaise et française. Haïti a vu passer le colonialisme espagnol et français. Haïti est indépendant, du moins vis-à-vis de la France, depuis 1804. L’Archipel de Polynésie est encore français mais bénéficie depuis 1984 d’un statut de large autonomie qui ne cessera de se renforcer par une succession de statuts avant de devenir en 2004 le premier «pays d’Outre-mer» au sein de la République française. Le président actuel, Oscar Temaru, en est la figure charismatique et indépendantiste.
Haïti l’indépendante est synonyme de géhenne. Ce pays compte parmi les pays les plus miséreux du monde. Le sort et la nature, avec sa météo et ses plaques tectoniques, ne cesseront de lui infliger les pires fatalités et cataclysmes. Et le dernier séisme n’est pas la moindre des ses tragédies. On parle déjà, à l’heure où cette chronique se rédige, de plus de cent mille morts. C’est-à-dire presque 1% de la population. Toutefois, le véritable fléau de ce pays est d’abord politique. Les vrais séismes qui ont miné ce confetti des Caraïbes, coupé en deux avec Saint-Domingue, se situent au niveau de sa gouvernance. Elle est jalonnée, depuis Toussaint Louverture, ancien esclave devenu premier gouverneur d’un pays indépendant, par les coups d’Etat et une gestion autoritaire dont les Duvalier, père et fils, Papy doc et Baby doc pour les intimes, restent les plus cruels avec leurs milices «tonton macoute» de sinistre mémoire. Même l’espoir qui venait de l’Eglise ne fera qu’une courte halte dans ce pays. L’élection d’Aristide, prêtre, va tourner court. Il s’avérera tout aussi truand et affairistes que ses prédécesseurs. A la question d’avoir une autonomie plus accrue, les Guyanais et les Martiniquais, le week-end dernier, ont, n’en déplaise à leurs édiles, massivement répondu non. Le cas haïtien était un contre exemple avancé par les partisans du non. Suivez donc mon regard. Il y a là sûrement matière à réflexion pour les membres de la commission de la régionalisation récemment installés par Sa Majesté.

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