Chroniques

Label marocanité : José Barghové

On n’en parle plus, mais tout le monde connaît le plus célèbre prisonnier politique détenu en Israël, Marwan Barghouti, cinq fois condamné à perpétuité comme si la perpétuité pouvait se multiplier et se rallonger. De sa prison, cet homme charismatique s’était, à plusieurs reprises, résolu à se présenter à des élections que cela soit pour la présidence du mouvement palestinien ou pour, en franchissant le Rubicon de la discipline de son parti, entrer dans la compétition en qualité de candidat indépendant pour des élections générales. Son prestige et son charisme sont tels que ses candidatures, jamais concrétisées, lui valaient, à chaque fois, d’atteindre le zénith de son prestige chez la population palestinienne. Cette dernière l’a longtemps considéré comme le successeur naturel de Yasser Arafat. Et pour cause. L’image du résistant et de l’homme politique expérimenté qu’il incarne malgré sa jeunesse est, à chaque fois, renforcée par son embastillement qui est de nature à accroître l’estime de ses concitoyens.
Autre temps, autre contexte. La Cour de cassation française vient de rejeter avant-hier le pourvoi de José Bové. Le leader altermondialiste fut condamné en appel, en novembre 2005, par le tribunal de Toulouse. Le rejet de ce pourvoi concerne sept autres prévenus, dont Noël Mamère, député vert. Ils avaient été condamnés pour l’arrachage de maïs transgénique en juillet 2004.
Rien de comparable entre Barghouti et Bové. L’un se bat pour que ses oliviers soient restitués. L’autre veut protéger l’authenticité du roquefort. L’un défend sa terre, l’autre veut défendre la Terre. L’un défend son peuple. L’autre entend protéger l’humanité. L’un combat une nation des plus armées au monde. L’autre a des ennemis, à ses yeux dangereux, mais néanmoins moins batailleurs comme les organismes génétiquement modifiés, McDonald’s, ou la mal bouffe. C’est dire que comparaison n’est pas raison.
Mais à supposer que Bové remplisse les conditions, notamment les cinq cents signatures, pour être candidat à la présidence de la République, il aura comme dénominateur commun, avec Barghouti d’être un candidat embastillé. Si le leader palestinien s’est à chaque fois rétracté, par sens des responsabilités, Bové n’est pas du genre à reculer dans une situation analogue. Au contraire, la condition de victime pourrait même l’arranger et devenir son meilleur agent recruteur.
En confirmant sa condamnation à quatre mois de prison ferme, la justice française ne va-t-elle pas devenir la meilleure «boîte de com» de la candidature du syndicaliste paysan ? Ne va-t-elle pas créer un Barghouti gaulois ? Et si son incarcération dépend d’une prochaine décision d’un juge d’application des peines, Bové, entre ses moustaches à la Vercingétorix annonce déjà qu’il ne souhaite aucun aménagement de la peine. C’est dire qu’il a compris tout l’intérêt qu’il peut tirer de la situation en maintenant sa candidature à l’Elysée. Il a eu juste le tort de penser qu’il serait le premier «prisonnier politique» à se présenter à une élection.

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