Chroniques

Label marocanité : La gestion des polémiques

Chaque pays a les polémiques qui correspondent à ses échelles de valeur. En moins de quinze jours, la France a connu, en plus de l’affaire Clearstream, trois débats sérieux : le premier est celui de l’utilisation de la castration chimique qui, après le kidnapping d’une joggeuse, son viol et son meurtre, interroge en réalité la gestion des violeurs impénitents. Derrière cette proposition se nichent la question de la récidive, la question de la réduction des peines dans une société qui a élu Sarkozy sur sa capacité de réduire l’insécurité et enfin la question de l’inadéquation de la prison pour ce type de pathologie criminogène qui nécessitent, en plus de l’enfermement, un accompagnement de soin.
Le second débat, qui a tout de suite pris le relais, est celui du tourisme sexuel. Il est venu à la suite des déclarations, jugées hâtives, de Frédéric Mitterrand, ministre de la Culture et dernier scalp de l’ouverture sarkozienne. Son soutien lyrique et intempestif au réalisateur Romain Polanski, arrêté en Suisse et menacé d’extradition en Californie pour une affaire de viol sur mineure, datant de trente ans mais demeurant imprescriptible aux yeux des lois américaines, a donné l’occasion au Front National de déterrer des écrits du ministre, qui datent de 2005. L’auteur y relate ses péripéties homosexuelles dans des pays exotiques. L’accusation de pédophilie tombe. Et il a suffi qu’une partie des socialistes s’engouffre dans la brèche pour que la polémique et le débat s’enflamment.
Le dernier débat en cours, c’est celui de Jean Sarkozy. Le fils du président a 23 ans. Elu conseiller général dans le fief de son père, il s’apprête à prendre les rênes d’un puissant et riche organisme qui gère les millions de mètres carrés du prestigieux quartier de la Défense. Certains y voient une promotion indue, sous le règne sarkozyste, et l’affirmation «d’une société de l’indécence» où après «le bouclier fiscal», on invente «le bouclier filial».
Trois polémiques avec trois vrais débats. Les télévisions, les intellectuels, les politiques, les éditorialistes et les radios ont, dans leur ensemble, organisé des agoras qui fabriquent du sens et façonnent les éclairages de l’opinion.
Chez nous, on a eu aussi trois polémiques : deux dans le périmètre royal avec l’affaire du communiqué de la clinique royale sur la santé du Souverain et la caricature sur le mariage du Prince Moulay Ismaïl. Une troisième dans le champ religieux avec Mali. Mais point de débat. Et pour cause. Dans les trois affaires, de près ou de loin, la presse et les journalistes, à tort ou à raison, sont impliqués. Du coup, on est dans la confusion. On ne sait plus qui est l’acteur et qui est le témoin; le juge et la partie, le défenseur et le procureur.

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