Chroniques

Label marocanité : La logique des foules

Il y a la masse et il y a la foule. Autant la masse semble représenter l’agrégat, le bloc et  le poids. Autant la foule semble incarner le flot, la cohue et la bousculade. Si la masse peut s’organiser et même être perméable au contrôle. La foule, elle, a du mal à s’ordonner, propice qu’elle est aux débordements et à l’excès. Si la masse s’organise le plus souvent pour exulter et apaiser une colère, la foule décolère rarement. Même pacifique, une foule peut être inquiétante. Si elle se relâche, elle peut, très vite, devenir ultraviolente et meurtrière.
Ce n’est donc pas pour rien qu’on parle de consommation de masse et non pas de consommation de foule. C’est ainsi qu’on parle de mass média et non pas de foule média.
On peut discerner la distinction qui est désormais établie entre l’Orient et l’Occident. L’Occident, c’est le monde des masses. L’Orient, c’est le repère des foules. Tout laisse penser qu’on cultive sciemment et grossièrement cette différence. Cela repose néanmoins sur une certaine réalité pour ne pas dire une réalité certaine. L’affaire des 12 caricatures a réactualisé de manière criante la juxtaposition entre les masses occidentales et les foules orientales. Au-delà de commettre la double infraction de représenter et de diffamer le Prophète, elle oppose deux échelles de valeurs et plus précisément leur hiérarchie : Le respect de la liberté d’opinion, vecteur essentiel de toute démocratie, et le respect des convictions religieuses qui, dans certains cas, peut devenir un instrument de totalitarisme.
Quelle que soit l’issue de cette affaire, le monde musulman n’en sortira pas nécessairement grandi. Qu’il défende ses valeurs et sa civilisation, y compris avec quatre mois de retard, c’est une chose. Qu’il en appelle au meurtre des auteurs et à la condamnation massive des nations dont sont issus les caricaturistes, c’est très grave. C’est oublier qu’il n’y a pas si longtemps, un jeune musulman a assassiné Théo Van Gogh, en pleine rue, en plein jour, dans une grande ville européenne.
Quand le secrétaire général du Hezbollah traite indistinctement les Danois et les Norvégiens de «racaille», Il oublie quel a été l’effet dévastateur d’une telle expression dans la bouche d’un ministre français, comment celle-ci fut ressentie par des jeunes de banlieues, en particulier les musulmans, et surtout quelle fut la réaction en chaîne que cela avait produit au mois de novembre 2005.
On peut, toutefois, comprendre que les caricatures soient vécues comme une agression extérieure. ! Pourquoi donc embastiller des journalistes ou interdire des journaux, comme en Jordanie, parce qu’ils ont pris des positions différentes de la foule ? Les musulmans auraient-ils si peu confiance en leur religion pour ne pas supporter le moindre écart, la moindre contradiction, le moindre pluralisme religieux, politique, philosophique ?
Tragique situation. Pour une religion qui commence par l’ordre de lire (LIS. Iqraa), être portée par une Oumma de 60% d’analphabètes, allégrement manipulables, voilà le vrai drame.

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