Chroniques

Label marocanité : La présomption de culpabilité

Hanane est une Franco-marocaine de 27 ans. Samia est une Franco-algérienne de 29 ans. Elles sont jeunes, belles et pétillantes. En les regardant, on ne peut se tromper. Elles ont bien en elles cette espèce de vivacité retenue des filles de «l’immigratitude». Amies, elles sont toutes deux originaires de Seine-Saint-Denis. Elles doivent se présenter comme issues du 93 pour ne pas dire la France. Le 93, c’est le département qui personnifie tous les dysfonctionnement de la société française Si vous y habitez et que vous êtes immigréss, c’est douteux. 
L’une d’elles, Hanane, la Marocaine de France, devait se marier le 23 juin 2007, avec Khaled. Tout était prêt, y compris la promesse de vente d’un Home Sweet Home. Manquaient cependant quelques babioles pour la liste de mariage. Hanane a décidé, avec sa copine, de faire une escapade à Londres, pour achats et enterrement de sa vie de jeune fille.
Elles feront le voyage en voiture. Le 2 juin, elles embarquent sur un ferry au départ de Caen. Arrivées à Portsmouth, elles sont contrôlées par les douaniers qui découvrent, dans le coffre de la voiture, deux clandestins chinois. Elles sont arrêtées et soupçonnées d’appartenir à un réseau de passeurs aidant des clandestins à entrer au Royaume-Uni.
Les filles, en détention provisoire depuis, crient  leur innocence. Elles affirment que les deux hommes sont montés à leur insu, chose relativement fréquente dans le coin. Elles reconnaissent la négligence et l’imprudence mais refusent de plaider coupables. Seulement, avec des maghrébines du 93, la présomption de culpabilité supplante la présomption d’innocence. Londres, par ailleurs, entend faire un procès exemplaire. Elle veut rappeler à la France ses responsabilités face aux passeurs. Un procès qui se veut exemplaire peut facilement, fatalement même, prendre le chemin de l’injustice.
Car à les regarder de près, ces deux filles sont aux antipodes du profil délinquant. Elles sont «bien intégrées» selon les standards exigés par la France. Elles ont toutes les deux un emploi. Epanouies, elles n’ont surtout pas la gueule de l’emploi pour ce genre de truc. Rien n’indique la moindre motivation pour qu’elles prennent pareils risques. D’ailleurs, les clandestins ne les ont pas accablées. Mais au procès qui s’est ouvert mardi dernier, les Chinois expulsés depuis, ne pourront même pas témoigner.
Sarkozy, certainement occupé par son divorce, n’a pas encore volé au secours des deux femmes. Il est vrai qu’elles ne sont pas bulgares. Elles sont bien françaises. Cécilia n’est pas disponible non plus. D’ailleurs, The Queen n’est pas Kadhafi. Londres n’est pas Tripoli. Et Les beurettes n’avaient qu’à ne pas sortir de leur banlieue crasseuse. Qu’est-ce qui leur a pris ces Musulmanes, qui ne portent même pas le foulard, d’aller gambader à Londres.
Aujourd’hui, le meilleur défenseur des deux filles, c’est Khaled, le futur époux de Hanane, qui croit fermement à leur innocence. Comme celle-ci est aussi marocaine. Cela ne devrait pas nous laisser indifférents. Ne serait-ce qu’à travers un geste de l’ambassade du Maroc à Londres.

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