Chroniques

Label marocanité : La saison de la ségomania

«Certains d’entre vous m’ont demandé quelle sera mon attitude lors de la prochaine présidentielle. La réponse va de soi. Ségolène Royal a été désignée de façon très nette par les adhérents du P.S. Elle est désormais la candidate de tous les socialistes dont je suis. Dans un combat que je sais difficile, je lui souhaite bonne chance. D’une façon ou d’une autre, je m’efforcerai de contribuer à la victoire contre la droite». C’est Lionel Jospin qui a apporté, en ces termes, son soutien à la candidate du PS pour la prochaine présidentielle.
Plus lapidaire, tu meurs. C’est sec comme un muscle sans gras. Aride comme journée de Ramadan. Rigide comme un protestant. On peut supposer qu’un texte, si court, a tellement coûté à son auteur qu’il a été considéré durant sa rédaction, gramme par gramme, virgule par virgule. Ce n’est ni l’explosion de joie ni le feu d’artifice de verve. Mais c’est déjà ça. Et c’est chic.
Si Lionel Jospin a mis six jours avant d’apporter son soutien à la candidate du PS, il n’en demeure pas moins que c’est là un soutien lourd. En politique, disait le mot attribué au cardinal Mazarin, «il y a des voix qu’on compte et il y a des voix qu’on pèse». Jospin fait partie de la seconde catégorie.
C’est toujours comme ça avec Lionel. C’est laborieux. Glacial. Juste ce qu’il faut. Mais ça vient quand même. On se rappelle qu’en tant que Premier ministre, il avait utilisé le fax de son domicile pour annoncer sa candidature à la présidentielle de 2002. Cette fois-ci, c’est sur son blog qu’il rédigera son appui à Ségolène. Ce soutien, frappé du sceau de la responsabilité de l’homme d’Etat, est le bienvenu. Surtout lorsqu’on se rappelle comment lui et ses lieutenants avaient tenté de férocement abîmer l’image de celle qui jusqu’à son sacre par les militants n’était, à leurs yeux, que la fabrication artificielle des médias qui en faisait une furtive madone des sondages.
«Je suis très heureuse de ce soutien», s’est félicitée sobrement Ségolène Royal. Cette sobriété induit une forme de distance. Elle indique que rien n’a été négocié et que Lionel ne demande rien en échange de son geste.
Les socialistes français sont vraiment bizarroïdes. Ils peuvent, entre eux et dans leurs débats, se comporter comme de cruels anthropophages. Leurs confrontations sont souvent violentes et leurs coups peuvent être assassins. Cela ne les empêche pas de se rassembler pour mieux chasser en meute. Et la chasse est ouverte.
C’est drôle. Hier encore, on ne misait pas un kopeck sur les chances de Ségo et personne n’osait contester la légitimité de Sarko. On est exactement dans la situation contraire aujourd’hui. La Sarkomania est comme épuisée. La Ségomania commence. Sarko fait face à des contestations dans son camp. La madone des sondages, avec ses costumes blancs qui évoquent une forme de pureté, est devenue la madone. Tout court. Hier Sarko prenait sa photo avec le looser Bush. Ségo prendra sa photo avec Nancy Pelosi, Mandela et Lula. Et si Sarko aspire encore à provoquer la rupture. Sego n’en a pas besoin. Elle est rupture.
C’est cocasse ! Non ?

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