Chroniques

Label marocanité : La société civile et la Politique

A la veille de chaque élection, le Maroc est comme pris par des convulsions et des spasmes politiques. A la veille de chaque scrutin national, il y a comme ça, des chevaliers blancs qui se sacrifient, dans des bagarres homériques, pour réveiller la conscience endolorie des Marocains. Sabre au clair et bouclier de rigueur, des hommes et des femmes s’activent pour sonner le tocsin et déranger cette satanée conscience politique qui somnole. Re-bonjour la société civile.
Le «civilien» aime la chasse en meute, la pétition et les périodes électorales. Toujours prêt à traquer l’absentéisme, il est comme indisposé par cette façon, médiocre, qu’a le Marocain de ne pas s’intéresser à la politique. Est-ce trop te demander, espèce de Marocain incrédule, de remplir ton devoir civique quinquennal ?
Je vais tenter de portraiturer un «civilien». Toute ressemblance avec des personnes existantes serait un pur hasard. D’abord, le civilien a une méthode imparable. Une fois le parapluie royal ouvert, avec des phrases, somme toute, convenues et sibyllines, le civilien se déchaîne sur tout ce qui bouge : sur les partis politiques, ces entités impotentes. Ce qui est, en grande partie, vrai.
Ce qui n’a rien de nouveau. Avec, cependant, l’inconvénient majeur de décrier et de défigurer les visages de la politique qu’on veut rendre séduisante. Par la même occasion, il va s’acharner sur le Parlement afin de dénoncer les problèmes d’autisme et d’oreillons de cette chambre d’enregistrement frappée du sceau de l’incompétence. Quitte à abîmer l’institution. Dans son entrain enfiévré, Il s’excitera sur les députés. Tous médiocres, pusillanimes, ventrus et qui ne font pas honneur à la djellaba qu’ils portent. Viendra ensuite le tour du gouvernement, cette équipe d’éclopés, inaptes à tout sauf à discourir. Et je ne parle pas de la presse.
Le civilien ne dit jamais en quoi tous ces acteurs fautent. Il se contente de les dénoncer et de souligner leurs impuissances.
Cette méthode a un nom. Elle s’appelle populisme. Le plus drôle, c’est que le civilien fait généralement partie de l’establishment. Il est, le plus souvent, très «kaabrhzaliens» du nom de ce met fin et délicat, puisque le caviar est inaccoutumé chez nous. Patron, haut cadre ou célébrité, il est animé par le manque absolu d’ambition si ce n’est celle de réconcilier le Marocain avec la citoyenneté idéale. Il se veut juste une force de proposition et apporter une plus-value à cette vie politique exsangue. Le civilien ne parle pas nation, il parle patrie. Il ne cause pas peuple, il devise société. Il ne discute pas politique. Il calcule élection. Il déteste plus que tout la langue de bois, mais goûte la langue de vipère. Spécialiste du y a qu’à et du faut qu’on,  il n’en déteste pas moins l’idéologie. Il prône le pragmatisme, quitte à être invertébré et à s’accommoder à la plus réactionnaire des attitudes sous couvert de démocratie.  Le civilien n’intègre jamais un parti politique. Il crée une association. Pas de celles qui sont à but non lucratif. Non. Celles qui sont lucratives sans but.

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