Chroniques

Label marocanité : Laxisme intellectuel

C’est Mohamed Darif qui doit être content. La prédication reprend du poil de la bête. Il a donc, lui, du boulot.  Il nous distillera ses «darifrie» pour nous professer, nous Marocains qui tutoyons l’Islam depuis des siècles, les nuances islamistes et nous faire, dans la foulée, la typologie niaise des différents voiles qui inondent notre espace public. A lire du Darif, il y a comme une touche d’exotisme. Il donne cette impression de parler à un sot à qui on explique un cahier de coloriage…niveau de la maternelle. Sot, bien entendu, inapte à distinguer entre un foulard et un fichu comme celui que portait souvent ma mère, dont l’âme repose, je le suppute, en paix.
D’évidence qu’il y a voile et voile. Il peut être un instrument de revendication identitaire dans une banlieue française. Il peut être un élément de séduction joliment porté par une Pakistanaise dans un magasin de luxe à Londres. Il peut être un symbole de résistance dans une terre palestinienne. Il s’avère être un instrument d’oppression et d’aliénation dans un Iran engoncé dans une politique barbue, obtuse et surtout médiocre. Il est, c’est sûr, un outil d’inégalité, de domination dans une ville saoudienne. Il peut être, tour à tour, un élément de conviction, de reproduction éducative, d’aliénation, d’oppression, de simulacre, de dissimulation. Il n’est presque jamais un choix libre. Il suppose et suggère, à chaque fois, l’idée de contrainte.
La nouvelle campagne de prédication cible donc les femmes et la jeunesse. Ceux qui la lancent ont précisément compris les nuances entre voiles, confortées par Darif. Cela les insupporte. Il y a dilution du message. Ils s’apprêtent donc et justement à « rationaliser » tout ce micmac. Ils n’acceptent même plus la diversité des voiles. Ils ne veulent voir qu’un seul : le voile intégriste, ce symbole et étendard de leur combat. C’est un tract à moindre coût. Ils veulent l’uniformité. L’uniforme. La tenue militaire. L’outil d’une guerre. Ils préparent un monde où règne la  police des mœurs. Une police vestimentaire. Il ne s’agit donc pas d’expliquer leurs intentions. Il faut combattre leurs convictions avec d’autres valeurs. Tout le reste est laxisme intellectuel.
Le voile n’est pas marocain. Il est étranger à notre culture. C’est un élément récent, importé et exogène à notre identité. Si ces gens-là combattent, sans concessions, tout ce qui est moderne qu’ils réduisent à de la débauche impure,  nous devons leur opposer notre refus, notre ferme refus, de ce désir morbide qu’ils ont de nous enfoncer dans une tradition indigeste et un puritanisme totalitaire.
La diversité caractérise la marocanité. Elle est notre liberté. Notre seul atout. Il faut se battre pour sa survie.

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