Chroniques

Label marocanité : Le cynisme de Sarkozy

© D.R

Le débat sur l’immigration est l’intermittent du spectacle politique français. Depuis trente ans, il ne cesse, à la veille de chaque scrutin, de surgir et d’être agité comme un épouvantail. Ce thème est, dans l’opinion, un tel point de discorde, que cela finit par particulariser et cliver distinctement des camps qui, sur d’autres sujets, s’entremêlent. L’immigration charrie tant de fantasmes, tant de peurs et tant de bons sentiments qu’il en devient difficile de séparer la bonne idée de l’ivraie. C’est Valery Giscard d’Estain qui, de 1974 à 1981, a inauguré, sur le sujet, ce que je qualifierai de «politique de la contrepartie» : un embrouillamini de fermeté et d’humanité. N’est-ce pas lui qui a inauguré, en plus de la fermeture des frontières, la politique du retour tout en favorisant, par humanité, le regroupement familial ?
Cette méthode qui entend allier l’intransigeance à la philanthropie a été, y compris avec les socialistes, la ligne politique immuable, depuis trente ans, de la gestion du dossier de l’immigration. Dans les faits, cela se traduit dans une idée simple, en termes comptables : On est dur avec les flux et magnanime avec le stock.
Les flux, c’est tout ce qu’il y a au-delà des frontières, toutes ces hordes miséreuses qui, à travers des frontières «poreuses», veulent assiéger le modèle social français. Le stock, c’est toutes ces populations immigrées qui vivent dans nos banlieues, résidantes régulièrement, s’acquittant de leurs droits, et qui ont eu le toupet de nous enfanter le lancinant problème de la «deuxième, troisième…énième génération». Sarkozy s’inscrit exactement dans la continuité de la «la politique de la contrepartie». Devenu spécialiste du grand écart, il n’a cessé, depuis 3 ans, de marchander une posture de droite coriace avec une position de gauche généreuse : Il karcherise la banlieue tout en abolissant la double peine. Il espionne les extrémistes tout en débattant avec Tariq Ramadan. Il fait du chiffre en matière d’expulsion tout en plaidant pour la discrimination positive. Il châtie et récompense, punit et dédommage, gronde et gratifie. Mais en annonçant «qu’il n’était pas opposé au droit de vote pour les résidents étrangers», Nicolas Sarkozy pousse un peu le bouchon. Ce n’est pas de la contrepartie. C’est de la contrepèterie. Et c’est grave. Il use des mots et des bons pour sciemment remettre au centre du débat politique la question de l’immigration dans un souci d’instrumentalisation. Il sait, lui, l’homme le plus puissant de France, que le principe de ce droit a été adopté par l’Assemblée nationale sous le gouvernement Jospin. Que celui-ci n’a pas jugé bon, à l’époque, de le présenter devant le Sénat détenu par la droite. Aujourd’hui, les deux Assemblées sont politiquement homogènes… Il ne faut donc pas proclamer, monsieur Sarkozy! Il faut faire. Mais l’idée aussitôt soumise aussitôt étouffée, Dominique de Villepin s’est, dés le lendemain et sous les applaudissements des députés UMP, fermement opposé à ce principe.

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