Chroniques

Label marocanité : Les infections arabes

© D.R

Que la démocratie ait mal dans son arabité, il n’y a là rien de nouveau sous le soleil. Que cela soit dit et écrit officiellement par les Nations Unies, voilà une chose qui, non seulement, ne manque pas de piment, mais confirme et entérine l’air du temps.
Les droits de l’Homme, la démocratie et les libertés publiques sont tendances. Et puisque même George W. Bush ou les néo-conservateurs américains «macdonalisent» la liberté et «coca-colisent» la démocratie, il n’est point étonnant de voir dresser, par le troisième rapport sur le développement humain dans le monde arabe qui vient de sortir, un réquisitoire désespérant sur l’état des libertés politiques, de la démocratie et de la gouvernance dans le monde arabe.
Si la cruauté avait un jus, il serait l’encre qui a servi à la rédaction du rapport tant le constat est accablant. Il s’égrène comme un chapelet de malédictions. Ce ne sont pas les dix plaies de la Bible. C’est pire. Car, en lieu et place du sang, des poux, des grenouilles, et de la dévastation, on y trouve les plaies modernes du monde arabe : des régimes sans légitimité qui ne sauraient se maintenir sans répression. Une corruption endémique et cancérigène installée comme mode social. L’absence de libertés fondamentales, dont la liberté d’opinion, la liberté d’expression et la liberté d’association. Le clientélisme clanique et la voracité tribale qui trustent l’ascenseur social. L’état d’urgence érigé en mode de gouvernance. La dépendance de la justice et le recours à des tribunaux militaires ou d’exception. Le sectarisme religieux et le non-respect des minorités raciales, des femmes, des travailleurs migrants….
Bref, un avis cruel, sans concession. Les causes ne sont pas culturelles. Les fondements du malaise diagnostiqué sont politiques. Les rédacteurs du rapport, tous arabes, qualifient « l’état arabe moderne, au sens politique du terme,…de modèle astrologique dans lequel l’appareil exécutif ressemble à un «trou noir» qui réduit son environnement à un ensemble statique où rien ne bouge et duquel rien ne peut s’échapper». Ils assènent un coup de massue libératoire en affirmant que «les pays arabes ne répondent pas aux aspirations de leurs peuples en matière de développement, de sécurité, et de liberté malgré les écarts observés ici ou là.». Puis, comme pour enfoncer un clou tordu et rouillé, ils homologuent les défaillances du monde arabe comme spécifiquement inscrites «au niveau de la sphère  politique». De quoi, en somme, vous écœurer d’être comptabilisé parmi les Arabes.
Analphabétisme aidant, la lecture de ce document ne se fera malheureusement pas par les masses. Il peut donc rester lettre morte. Ce serait navrant.
C’est que le rapport du PNUD en appelle à la liberté, à la bonne gouvernance. Aucun pays arabe n’est épargné, le nôtre compris. Si ce n’est que les réformes déjà engagées, décisives et emblématiques (Moudawana, IER…), nous inscrivent un peu à l’écart. Si la voie empruntée par le Maroc est bonne, le chemin reste long. Il faut donc persévérer. Ne serait-ce que pour se démarquer de tous ces moutons de Panurge.

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