Chroniques

Label marocanité : Les pudibonderies d’un mufti

La religion musulmane est décidément très malmenée. Malmenée parce qu’elle est devenue en partie dévoyée par des vociférateurs de tout acabit qui en donnent une vision effrayante et qui ne cessent de composer, à coup d’interprétations dérivées, des aubades cauchemardesques. Malmenée parce qu’elle est devenue identifiée à la violence aveugle portée par des noyaux de nostalgiques qui l’enferment dans sa dimension la plus «magmatique» comme le dit si bien le Tunisien Adelwahab Meddeb. Encore si leur nostalgie aspirait à retrouver les splendeurs de Bagdad et de Cordoue. Non. Elle se veut plutôt comme un retour aux sources d’un islam aride et désertique comme au temps de Médine. Malmenée parce que n’importe quel inculte peut aujourd’hui se proclamer mufti ou émir et devient ainsi un interprète féru du littéralisme et du « parcoeurisme » quand il n’évolue pas en égorgeur professionnel.
Dernier épisode en date, la déclaration du porteur du pompeux titre de «grand Mufti» d’Australie. Cet Egyptien qui a émigré, en 1982, de la terre d’Osiris et d’Akhenaton, pour rejoindre celle des aborigènes, de Mel Gibson et de Nicole Kidman, a été nommé mufti par je ne sais quelle instance et autorité. De prédicateur autoproclamé d’une des probablement rares mosquées de ce pays aux dimensions disproportionnées, il deviendra, sept ans plus tard, le plus haut responsable musulman d’Australie. Il vient de défrayer la chronique et d’accéder à une notoriété mondiale grâce à des déclarations qu’on refuserait même à un copain machiste, le soir d’une rigolade.
Celui qui porte le nom auguste, emphatique et suspect, de Taj Eddine al-Hilali n’hésitera pas à comparer, lors d’un prêche, les femmes «légèrement vêtues» à de la viande étalée. Pas de la chair faible qui attire la faiblesse. Non. De la viande, Côtelettes et escalopes comprises.
Dans un élan pédagogique porté par un style métaphorique, digne d’un film gore, il n’a pas hésité à affirmer que «Si vous placez de la viande dans la rue, dans le jardin ou dans le parc sans la couvrir et que les chats viennent la manger… qui doit-on blâmer, les chats ou la viande?». En d’autres termes et en cas de viol, la responsabilité de la femme violée est largement plus engagée que celle de son violeur. Partant de là, il ne s’agit pas de lutter contre les chats errants mais de couvrir la viande et de l’enfermer dans un frigo cadenassé. «La viande exposée à l’air libre, voilà le problème», insiste-t-il. Cet auguste raisonnement s’entend comme un argument pour inciter les femmes à porter le hijab. Atterrant.
 La femme, ce démon potentiel, se doit donc d’épargner à l’homme, cet être fragile, irresponsable et incapable, de dominer ses pulsions de sombrer à tout ce qui pourrait ressembler des attitudes suggestives. Et toute femme violée ne l’aurait pas été si elle était restée«dans sa chambre ou son boudoir, chez elle, portant le voile, aucun problème ne lui serait arrivé».
Il ne serait pas étonnant que notre mufti soit de ceux qui trouvent des circonstances atténuantes pour les pédophiles…dont certains fqihs.

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