Chroniques

Label marocanité : l’oeuf du serpent

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Ancien haut fonctionnaire de la Banque centrale allemande, social-démocrate pur jus, Sarrazin a écrit un livre qui dénonce l’abrutissement de la société germanique sous le poids des immigrés musulmans. Le livre a déplu à l’establishment. Il a en revanche  rencontré un vrai plébiscite chez les Allemands qui y lisent tout haut ce qu’ils pensent tout bas. Merkel, nez politique, a probablement senti, avec cet épisode, la coupure qu’il y a entre les élites et le peuple sur ce débat. Samedi dernier, devant un parterre des jeunes de son mouvement, la chancelière a fait le constat de l’échec du multikulti. Ce modèle multiculturel où différents groupes ethniques et culturels vivent côte à côte sans interventionnisme étatique est désormais désuet. Le mot d’ordre, à l’avenir, sera l’intégration. Les immigrants, tout particulièrement les musulmans, seront sommés de s’intégrer et d’adopter les valeurs et la culture allemandes. A commencer par la maîtrise de la langue. La présence de 120.000 Marocains en Allemagne est presque imperceptible. Le migrant là-bas est surtout Turc. Le pays en compte 1,658 million. Le président Abdullah Gül ne s’est pas trompé sur le message. Il a lui-même encouragé ses compatriotes à apprendre et à parler l’allemand couramment et sans accent.  A l’instar de l’Allemagne et la France, le paysage européen tout entier est en train de muter. Tôt ou tard, le Maroc avec 85% de ses émigrés qui vivent en Europe sera interpellé. En effet et en ces temps de crises, le retour en force des extrêmes-droites constitue une vigoureuse pression. La diversification culturelle et surtout la double nationalité sont de plus en plus mises en accusation. On leur reproche de fragiliser les nations et de menacer l’identité. Les populistes trouvent un écho favorable à chaque fois qu’ils dénoncent le migrant musulman. A leur décharge, il y a lieu d’admettre que l’excès communautariste et le zèle identitaire de certains immigrés constituent pour eux une aubaine inestimable.  La haine du musulman se porte à merveille. Aucun pays d’Europe n’est épargné y compris les plus inattendus. Aux dernières législatives en Norvège, l’extrême-droite a atteint 22,9%. En Suède, avec 5,7 de suffrages, les populistes ont engrangé 20 sièges parlementaires. Le Danemark a envoyé 14 députés populistes à Bruxelles. Geert Wilders a gagné 24 sièges aux Pays-Bas. En Suisse, le parti qui dénonce l’Islam est désormais la première force du pays. En Italie, la Ligue du Nord préside aux destinées de trois grandes régions, la Vénétie, le Piémont et la Lombardie. Le phénomène n’est jugulé, en apparence mais en apparence seulement, qu’en Espagne où il est encore digéré par le parti franquiste. A méditer !

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