Chroniques

Label marocanité : L’ultime trahison

© D.R

Pourquoi tirer sur une ambulance qui roule en klaxonnant, pourrait-on se demander à propos du roulis des réactions déchaînées et indignées de la presse marocaine sur Driss Basri ? Le vizir déchu, bien plus que parler, avait besoin qu’on parle de lui. N’est-t-il pas parvenu à ses fins ? Quitte à ce que le prix soit l’indicible hérésie. Quitte à ce que le personnage devienne obus de haine. Quitte à instrumentaliser l’international pour marabouter ses anciennes divinités. Quitte à s’abîmer dans un effondrement crépusculaire.
Le malaise ne provient pas de la parole de Driss avec son cortège de reniement, de renoncement et de capitulation. Ses mots, bien qu’ils soient un outrage à trente ans de sacrifice du peuple marocain, n’ont pas pour objectif de dire mais de maudire. On est dans le profond dépit amoureux d’un divorcé qui pour se venger commet l’inceste. Et les phrases, tirées à bout portant avec un fusil canon scié, sont ajustées. Elles ciblent ce qui est censé être notre talon d’Achille. Mais le malaise n’est toujours pas là. Le nauséeux, c’est que durant trois décennies, nos nuits ont été confiées à cette sentinelle-là. Et en cette aube confuse, il nous confirme à quel point il fut le médiocre scénariste de nos cauchemars.
Les mots de Driss ne font pas autant sens que les endroits où il les répand. Tu parles ! El Watan, avec tout ce que ce titre charrie comme nationalisme algérien. Faut-il être imbécile ou cynique, peut être les deux à la fois, pour choisir un tel hublot pour une sortie de l’histoire les chaussures chargées de fange et de boue. Il serait même inconvenant de parler d’intelligence avec l’ennemi.
Dans cette connivence, je ne perçois pour ma part qu’une infinie stupidité. Donc, l’essentiel n’est pas ce que dit Driss sur le Sahara marocain. Il n’en a cure du Sahara. Il l’a défendu, hier, comme «une femme de ménage». Il en use aujourd’hui pour son manège. On se tromperait donc lourdement en pensant que le Driss aspire à nous éclairer sur ces nouvelles croyances, idées et convictions. Serfaty a des convictions. Driss ne connaît que bigoterie et dévotion. Le plus dur, c’est pour tous ceux qui, durant les années de plomb, rêvaient d’un Maroc meilleur et que Driss considérait comme ennemis. Ceux pour qui les espérances pour le pays étaient et demeurent chevillées au corps et qui assistent, impuissants, à l’ultime trahison de leur ancien persécuteur. Ce n’est pas la chute du mur de Berlin. C’est le monde à l’envers. Il est encore plus dur de voir cet ancien bâillonneur s’offusquer de toute parole qui récuse son affront.
Mon ami Noureedine Saïl a rappelé, dans un grand quotidien français , que l’un des seuls prédécesseurs de Driss Basri à avoir accumulé les fonctions de ministre de l’Intérieur et de l’Information était le Nazi Goebbels. Pour osée qu’elle soit, la comparaison devient, après le crescendo reniement du Driss, quasiment aphrodisiaque.

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