Chroniques

Label marocanité : Un authentique social-démocrate

L’amitié et la vigoureuse complicité intellectuelle qui me lient à Mohamed El Gahs sont telles qu’il m’est presque impossible de prétendre à l’impartialité ou au recul, ces deux mythiques qualités de l’objectivité. Or, il est dans une actualité qui fait sens et qui ne laisse pas indifférent. Que l’on me pardonne donc par avance ma part de subjectivité en parlant ici de l’homme et du politique, si tant est qu’entrevoir la différence entre ces deux choses soit possible chez cet être là.
Ce qui m’a toujours frappé chez El Gahs, c’est l’impression, étrange et ambiguë, d’avoir affaire à une fragilité solide. L’homme, il est vrai, est porté par un corps si frêle qu’il y a lieu de se demander comment une telle physionomie est en capacité de porter une aussi volumineuse force de conviction. Egal à lui-même aussi bien en public qu’en privé, on perçoit chez lui une certaine cohérence pour ne pas dire une cohérence certaine entre le corps et le verbe. Son corps et sa gestuelle, et c’est frappant, ont un rapport si singulier aux mots que cela en devient fusionnel. Le corps se voûte devant le propos. Et le mot le lui rend fort bien en donnant au corps délicat une dimension de vigueur, de robustesse et de puissance qui font dire à son interlocuteur que cet homme là ne peut qu’être capable de volonté. Et donc de tout puisque la matière politique, n’est-ce pas mon Général, est d’abord une question de volonté tant et si bien que le reste n’est qu’une affaire d’intendance. Mais il y a plus. Le corps et le mot sont au service d’une conviction qui exsude l’honnêteté, la droiture et la sincérité. C’est-à-dire toutes les vertus qui n’auraient jamais dû déserter le sillage de la gauche.
Et ce sont ces sentiments que j’ai retenus de l’émission de mercredi soir. L’énigmatique tentative d’interdiction de cette projection était devenue son atout maître et son meilleur agent de promotion. On aura tout vu y compris le Maroc où des leaders historiques de l’idée socialiste réclament censure et bâillon. Cet exploit, la direction actuelle de l’USFP l’a réussi. Il ne lui aura pas suffi de pantoufler dans l’héritage de la compassion. Nous avons aujourd’hui la preuve qu’elle est atteinte par le virus de la compromission.
Quant à El Gahs, assailli par notre ami Berrada, il a su jouer le rôle premier d’un politique : celui d’être un transmetteur de conviction. Avec concision et franchise, il a pu instiller l’idée que l’impérieuse et nécessaire reconstruction d’une gauche en lambeaux est possible. Que la social-démocratie reste indépassable. Que l’idée socialiste dans la Monarchie a toute sa force et pertinence. Et que oui, politique et droiture peuvent être incarnées et scellées par la cire de la noblesse.
Ce n’est pas du courage que de faire le deuil du grand soir. C’est tout bonnement du bon sens. Il reste que le combat pour la rosée des petits matins exige des lève-tôt et de l’abnégation. Et c’est ce que à quoi nous invite ce jeune ministre. Un type pareil, notre pays en a besoin. Il faut en cloner plusieurs. Le marginaliser, ce n’est pas commettre un crime contre La Politique, c’est guillotiner l’intelligence.

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