Chroniques

Label marocanité : Un cri salutaire

© D.R

L’"Appel citoyen" est, mine de rien, un événement puissant, enchanteur et conséquent. Il est puissant car qu’au-delà de son opportunité, il sonne comme un rappel à l’ordre salvateur. Il s’immisce ainsi, et par effraction, dans le bordel ambiant enfanté par les rodomontades et les jactances qui submergent l’opinion publique marocaine.
Il est enchanteur. Ne serait-ce que parce qu’il ébrèche le silence, parfois la pudeur qui, jusque là, pouvaient passer pour une approbation, pire une complicité avec les convulsions qui, de manière perverse, tentent de saper le moral de la société.
Il est enfin conséquent puisqu’il s’inscrit d’emblée dans la citoyenneté. Il parle du pays avec des accents raisonnés. Il prononce la nation sans être nationaliste. Il est dans le registre et l’intonation patriotique. Ceci est majeur. Le nationalisme, c’est l’aversion et la haine des autres. Le patriotisme, c’est la passion de son pays. Avec ses défauts. Inlassablement corrigibles.
Mais son authenticité n’est pas des moindres de ses forces. Celle-ci est notariée pas la crédibilité de ses signataires. Ils sont loin de figurer parmi les béniouiouistes patentés ou de surgir du bottin de la mondanité niaise. Pour une fois, ce n’est pas people. C’est peuple.
Ceci fonde sa puissance. Il est discernement face à la démagogie. Parole face à l’injure. Débat face à la polémique. Exigence raisonnée face à l’excès et à la surenchère.
En ce sens, c’est un événement considérable. C’est un texte libre. Il donne son vrai sens à la liberté. Oui, la liberté. Ce bien inestimable, délicat et précieux. De toutes les libertés, celle de l’expression est assurément la plus noble dans une démocratie. Elle inclut le droit de s’exprimer, de débattre, de publier, de s’informer et d’informer. Elle est vitale dans toute société qui veut tutoyer les droits de l’Homme. Sans liberté d’expression, il ne peut et il ne saurait y avoir existence d’une Opinion digne de ce nom. Une idée qu’on garde pour soi est un songe inutile et infertile dans un espace qui a besoin de fécondité. Mais une liberté sans repères ni responsabilité est aussi sauvage qu’un libéralisme débridé et sans règles. Une liberté sans âme, sans valeurs, sans rigueur est un déni de l’esprit même de la liberté. Même les libertaires ne transigent pas avec les lignes jaunes de la liberté car leur dépassement porte en lui des germes liberticides. Lorsqu’on commence à jouer le poker avec l’avenir d’un pays. Lorsque, en jouant, on complote pour achever la partie par une transformation des règles du jeu. Lorsque l’avis du Département d’Etat de tel ou le Quai d’Orsay de tel est plus important que l’avis du peuple lui-même. Lorsque la vocifération tient lieu d’argument et que sous prétexte de franchise, on procède par chantage, intimidation ou crachat. Lorsqu’on ne sépare plus entre le privé et le public…Alors si ce n’est simplement pas le début du chaos, ce sont aussi les signes annonciateurs de la tyrannie.

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