Chroniques

Label marocanité : Un cybermilitantisme déshonorant

J’ai beau faire le tour de la question et essayer de trouver des circonstances atténuantes à tous ces gens qui, dissimulés derrière des pseudos, s’adonnent sur Internet à un cybermilitantisme nauséeux. Il n’y a rien à faire. C’est à gerber.
Sous couvert d’anonymat, avec pour seule complice la solitude avec le clavier et la souris, ils sont comme réincarnés par l’effet de la dissimulation. Ce qu’ils ne pourront pas faire à visage découvert, ce qu’ils n’oseraient pas proclamer en public, ce qu’ils ne pourraient même pas envisager d’écrire avec une signature en bas de page, ils l’entreprennent sur Internet. N’est-ce pas là un triomphe de la couardise ?
Je me garderai bien d’accuser la toile. Ses vertus sont plus nombreuses que ses défauts. C’est un vrai espace de liberté et de libération. Accuser Internet de l’usage qu’en font un ramassis de pornographes des idées serait du même tonneau que d’accuser la philosophie de la médiocrité de certains prétendus philosophes. Je ne commettrai donc pas de mauvais procès. Internet peut bien faire office de poubelle pour certains éboueurs de la calomnie. ça n’en fait pas pour autant des chiottes. Il n’y a donc pas lieu de confondre entre le liquide frelaté et l’alambic qui l’achemine. Entre le contenu et le contenant.
Mais il y a lieu d’admettre que certains sites et cybermilitants, adeptes du camouflage, s’émancipent de toute déontologie sous prétexte de dénoncer. Dénonciation et renoncement doivent-ils aller de pair?  Le procédé n’induit-il pas le renoncement à la déontologie? Renoncement au courage. Renoncement à l’honneur. En faisant, ces populaciers sans foi ni loi, et ils se reconnaîtront, font d’Internet une agora de la pusillanimité, un enclos du cynisme et un jardin pour arômes pestilentiels.
Internet sert la liberté de dire et de penser. A-t-il pour autant, avec ces usufruitiers de la calomnie, servi la qualité de cette liberté ? J’en doute.
C’est quoi cette vérité que l’on commence par dire en se camouflant derrière un masque numérique. La fausseté n’est-elle pas, dans le cas d’espèce, antérieure à tout désir de vérité, la plus juste et la plus exacte soit-elle ? Quel est le sens d’une affirmation qui porte en elle les germes de la falsification. Seuls les pleutres, les crapules et les sans scrupules peuvent piétiner la ligne ténue entre la liberté d’expression et la liberté de délation.
Quand des journalistes, repérables, recèlent leurs signatures pour mieux tremper leurs plumes dans le liquide fétide des égouts, ce n’est pas le métier de journaliste qu’on dévalorise. C’est le journalisme lui-même qu’on abîme. Et il faudra beaucoup de persuasion pour me convaincre de la différence entre un journaliste qui, incognito, insulte et calomnie et la brute épaisse qui a émis une fatwa contre Redeker ? Aucune différence, si ce n’est qu’ils partagent un dénominateur commun : la vilenie.
Décidément mon ami Khalil, virtuose de la formule, a bien raison de dire «comme les oiseaux se cachent pour mourir, il y a des crapules, avec Internet, qui se planquent pour écrire».

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